Baptiste RABOURDIN

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Catégorie : Les autres…

Pinocchio n’aime pas Pur Projet (on branle le mammouth)

flowerC’est une histoire qui nous tiraille.

Comme chaque année depuis 5 ans, nous nous amusons à relayer le prix Pinocchio. A la manière des Gérard du cinéma, il s’agit d’une cérémonie parodique mais qui récompense les pires pollueurs de l’année. C’est un exercice potache qui a tout de même une vertu pédagogique puisque de sérieux enjeux sont ainsi mis en lumière. Ainsi de l’accaparement des terres (sujet dramatique mais peu traité) ou du rôle de la finance dans la destruction environnementale.

Initié par les Amis de la Terre, une des plus vieilles ONG et certainement parmi les plus « pures », le prix Pinocchio s’attaque aux éternels méchants du pétrole, du charbon, du nucléaire et de la chimie et. Pour y avoir assisté une fois en vrai, dans un petit café parisien, on passe un bon moment même si on sait à l’avance que cela n’aura pas changé la face du monde.

Qu’importe, le plaisir et l’humour permettent de ne pas sombrer dans l’acharnement militantique !

Cette année il y a un nominé surprise !

Il est nominé contre son gré. Il n’est pas content. Et il le dit. Sur le banc des accusés donc, entre EDF, GDF, Perenco, Samsung, Shell, Total et Crédit Agricole il y a… Pur Projet.

chocolatPur Projet, vous connaissez peut-être si vous mangez du chocolat équitable Alter Eco. En effet, la célèbre marque-de-commerce-équitable-disponible-en-grande-surface, fondée par Tristan Lecomte, arbore un picto « Produit Compensé Carbone » . Et cette compensation carbone se fait dans le cadre d’une société créée par Tristan Lecomte nommée The Pure Project. Et tout bon « english fluent » aura compris que la société française The Pure Project est derrière la marque Pur Projet.

Si vous n’avez pas compris, relisez-donc, je vous assure que la phrase est correcte.

C’est donc la deuxième fois que Tristan Lecomte met les pieds dans le plat. D’abord en « vendant son âme » à la grande surface avec le commerce équitable façon Alter Eco. Et maintenant en absolvant les pollueurs à qui il propose de planter des arbres pour leur offrir une image écolo.

Sur leur site, les Amis de la Terre n’y vont pas avec le dos de la cuillère:

kangourou-roadC’est précisément ce que fait Pur Projet dans la région de San Martin, au Pérou, prétendument à la demande et au bénéfice des communautés locales. En réalité, la logique de ces projets se heurte à la réalité et aux besoins des gens.

Ces projets reposent sur un montage financier et contractuel complexe. A San Martin par exemple, à chaque arbre planté ou à chaque parcelle de forêt protégée est attaché un contrat carbone, signé entre un propriétaire foncier (État ou communauté) et des coopératives de producteurs de cacao ou de café.

Pur Projet signe ensuite avec ces coopératives des contrats de transfert exclusif pour 80 ans des droits sur le carbone, afin de les revendre à des entreprises polluantes en quête de « pureté carbone ». Le gouvernement régional ne perçoit aucun bénéfice sur cette revente. Et les communautés locales n’ont absolument aucune idée des montants générés par ce marché, ni n’en connaissent les clients finaux et leurs motivations.

Dans les forêts aujourd’hui sous contrat exclusif avec Pur Projet vivent des centaines de migrants, établis en communautés au fil des ans : ils ont fui les provinces minières, où leur terre était devenue incultivable. Mais faute de droits fonciers reconnus, pas de consultation sérieuse : impossible donc de s’opposer au gel de leurs forêts.

Pur Projet clame haut et fort qu’il ne s’agit pas là d’une forme d’accaparement des terres. Mais pour générer les précieux crédits carbone, il faut bien ralentir la déforestation. Idéalement en mettant en place des activités alternatives. Et au besoin, en empêchant l’accès des communautés aux ressources naturelles dont elles dépendaient traditionnellement pour vivre. Pur Projet a ainsi prévu un budget de 150 000€ pour « l’action en justice contre les invasions des migrants dans l’aire de conservation ».

kenyaBon. Ça la fout mal…

Bien avant la nomination, j’avais eu vent du droit de réponse que s’apprêtait à publier Pur Projet. Celui-ci est disponible ici (complété avec les réponses des Amis de la Terre). J’imagine que vous n’avez pas le temps de rentrer en profondeur dans cette querelle de clochers alors je me permets de la résumer à ma façon.

Sommairement, Pur Projet est vexé parce qu’ils se donnent beaucoup de mal pour faire du bien et que Les Amis de la Terre ne veulent pas le voir. Pur Projet accuse Les Amis de la Terre d’avoir réalisé une contre-enquête en dilettante… ce qui est évidemment faux quand on voit la matière fournie par l’ONG environnementale.

M’est avis que le quiproquo repose in fine sur deux conceptions très différentes et pas nouvelles du tout concernant le « développement » . Pour Pur Projet, on reste dans une vision très occidentalisée où l’on utilise les mécanismes de marché mondiaux pour amener le progrès dans des communautés amérindiennes. Les Amis de la Terre sont partisanes « laissons-les tranquille afin qu’ils choisissent eux-même leur voie de développement; d’abord ne pas nuire » .

En un mot : Pur Projet est dans une approche paternaliste, Les Amis de la Terre sont dans une approche d’empêchement des nuisances (réglons d’abord nos problèmes d’occidentaux pollueurs avant d’expliquer aux autres comment protéger leur forêt).

baiserPersonnellement, je ne vais pas me cacher et considère que c’est cette dernière approche qui me convainc le plus. Croire que les populations autochtones peuvent ou doivent s’approprier les mécanismes de compensation carbone me rappelle ce rêve ambigu du micro-crédit qui vise à bancariser (et endetter) 7 milliards d’être humains…

Le général de Gaulle surnommait les Nations-Unies « Le Machin » . Un copain qui a participé au montage initial de la compensation carbone me disait que c’était devenu « un monstre » . Les Amis de la Terre n’ont pas attendu Pur Projet pour alerter sur la dérive de l’initiative REDD (Reducing Emissions from Deforestation) portée par l’ONU en partenariat avec le marché carbone.

Un Machin Monstrueux donc.

C’est bien parce qu’il n’existe aucune logique scientifique rigoureuse derrière la volonté de générer des crédits carbone REDD, que les discussions autour de ce mécanisme achoppent au niveau international et que l’Union Européenne a annoncé un moratoire sur les crédits carbone REDD

Trouver un compromis entre des pays, des communautés autochtones, des entreprises pollueuses est un projet louable. Mais c’est un projet schizophrène. Même l’Europe n’est pas convaincue. Même Pur Projet reconnaît du bout des lèvres quelques problèmes.

Au-delà du fond théorique sur lequel nous nous sommes d’ailleurs prononcé dès 2008, je me fais toujours la même réflexion quant à la motivation de se lancer dans un tel business. Le fait-on par passion de sauver la forêt et les peuples autochtones ? Ou le fait-on par opportunisme. Je veux dire, si on est attaché aux forêts, on doit dénoncer par exemple Vinci qui a une attitude scandaleuse en Russie (forêt Khimki) et plus proche de nous sur le patrimoine naturel de Notre-Dame-des-Landes.

Bref, si on s’appelle Pur Porjet, la seule chose à clamer c’est « Vinci Dégage » et pas

VINCI, de son côté, s’était engagée à replanter un arbre pour chacun des 180 000 employés du groupe
[on imagine la fierté de chaque employé qui au pu fanfaronné « Aujourd’hui j’ai planté un arbre au Pérou ! »]

Nestlé, Safran, Accor, Clarins, Cogedim (centres commerciaux), Société Générale et caetera et caetera ad nauseam.

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Les partenaires de Pur Projet

Donc oui les Amis de la Terre ont raison, c’est bien du greenwashing et Pur Projet mérite d’être nominé. Mais comme nous le disions au début, nous sommes tiraillés. Il y a aussi des gens biens qui font du Pur Projet. On en connaît et on même été démarché récemment par quelqu’un de sympathique qui propose des bracelets en bois français dont la réelle portée symbolique est justement une participation financière à une reforestation. Bref, Pur Projet peut aussi ne pas être un alibi. Cela peut-être une cerise sur le gâteau. Tiens il y a même Veja qui n’a pas grand chose à se reprocher (cf notre billet on d’ailleurs on se moquait de la marque de chaussure Faguo qui déjà pratiquait l’absolution par l’arbre planté)

automneEn rédigeant ce billet, il se trouve que je croque un carreau de chocolat Alter Eco (qui fait une excellente tablette « à la fleur de sel ») et, effet madeleine de Proust, je me rappelle le seul échange que j’ai eu avec Tristan Lecomte lors d’une intervention sur le micro-crédit et le commerce équitable devant des étudiants en commerce. Je lui avais demandé ce qu’il pensait des critiques formulées à l’égard du commerce équitable.

Droit dans ses bottes, avec son sourire de cow-boy qui ne doute de rien il m’avait dit « Ces gens-là on s’en fout, ils branlent le mammouth » . J’ignore pourquoi mais je suis resté coi. Soit par l’expression fleurie que je découvrais, soit par cette assurance d’homme qui ne doute jamais de son bon droit.

Alors il y aura encore et toujours des gens qui « branlent le mammouth ». Et peut-être même que ces gens-là sont les mêmes qui inlassablement interpellent sur l’état de la planète et sur les inégalités des richesses qui ont nourri un moment donné les indignations de Pur Projet. Hélas, ces branleurs de mammouths, en plus d’alerter et de proposer, ont la fâcheuse tendance à dénoncer les fausses bonnes solutions.

recuperateur-semence

A quoi servent les guides de haut brouillard ?

hamsterFaut-il être optimiste ? Faut-il être pessimiste ? Le vieux Hegel se régalerait à dire que nous pouvons recourir au Aufhebug : dépasser le pessimisme, bien légitime compte tenu de la situation sociale et écologique, par un optimisme de principe afin de passer à l’action et s’ancrer ainsi dans le réalisme.

Autre formulation : « Là où croit le péril croît aussi ce qui sauve ». (Hölderlin)

Ou encore : « Ce n’est pas parce que les utopies échouent qu’il ne faut pas les approcher ».

La dernière ?
On annonce dans les journaux que la moitié des espèces sauvages a disparu en 40 ans !

Oui il est temps de tenter le « journalisme positif » (ce que fait le journal Kaizen, et ce qui a intéressé cette semaine l’émission arretsurimages).

Nous revient cet excellent souvenir d’un journaliste, Gaël Legras, qui était venu nous filmer à Marseille pour Canal Plus. Dans un TedX plutôt émouvant, il explique pourquoi les médias, et notamment la télévision, ne mettent jamais en avant ce qu’il peut y avoir de beau dans l’humain…

Rien à voir mais nous avons reçu la dernière publication de l’ADEME concernant les labels de l’éco-consommation.

zen-footPour nous, l’ADEME, c’est un peu l’institution nationale qui doit être impartiale et claire, à force d’études et d’expertise. Il se trouve que cette Agence nationale, connue pour son assise sur les questions énergétiques, possède aussi un pôle éco-consommation. Côté coulisses, comme l’éco-consommation c’est un peu notre dada, nous avons plusieurs fois tenté d’aborder l’ADEME pour des partenariats, et notamment sur cette question des labels.

Car, si nous pouvons nous enorgueillir d’une chose, c’est bien du succès de notre guide « Les bons labels et les truands« .

Distribué sur de nombreux salons, réclamé sur par de nombreuses associations, vu et téléchargé des dizaines de milliers de fois, il nous arrive de le rencontrer au hasard, chez des gens, dans des bureaux, dans des salles d’attente !

baiserMême si le titre est un fort habile jeu de mot (merci à Charly des pouletsbicyclettes), le succès est à trouver ailleurs. C’est un guide qui « prend position », qui donne une direction, un endroit où aller. Pour revenir à Hegel, c’est un objet réaliste !

Nous avons régulièrement épluché les guides labels de l’ADEME, environ un par an. Et il faut bien avouer que ce genre de publication ne peut pas trouver de public.

Ils ont classé les labels non pas par pertinence mais par « catégorie de produits ». Vous apprendrez donc cette chose très importante à savoir que le label AB se retrouve plutôt dans l’alimentation, et que sur les jouets, vous ne verrez que Nordic Swan… ce qui est faux d’ailleurs puisque de nombreux autres labels se retrouvent dans cette catégorie Jouets.

Chaque fois, nous espérons que l’ADEME nous lise un peu pour se corriger. Par exemple, nous écrivions à propos du label plus que bof, « Rainforest Alliance » ainsi décrit par le guide de l’ADEME :

rainQue veut dire ce logo ?
– commerce durable* (milieu tropical et subtropical),
– interdiction d’utiliser des pesticides non autorisés,
– évitement maximal des cultures transgéniques (introduction, culture ou transformation),
– pratique de la chasse, de la capture ou du trafic d’animaux sauvages interdites…
* Le commerce durable ne garantit pas de prix minimum pour les produits mais inclut le salaire minimum national.

Honnêtement, si vous n’êtes pas spécialiste du sujet, il y a de fortes chances pour que vous vous fassiez avoir. Mais avec un peu d’habitude, on réalise bien que ce label est une fumisterie. Interdit est un synonyme de non autorisés, l’évitement maximal n’est qu’une formule élégante pour dire « on fait comme on peut, comme on veut » et on ne voit pas pourquoi la récolte de café entrainerait du trafic d’animaux sauvages… Et évidemment, le « commerce durable » qui respecte la loi en recourant au salaire minimum national.

En résumé, si on veut aider le consommateur à s’y retrouver, un guide doit dire « Ce label ne garantit rien ».

Et aussi, ce qui est agaçant, c’est que l’ADEME est à l’origine d’un label qui s’appelle ecolabel européen, qui est une heureuse initiative d’harmonisation européenne mais qui a toujours été un point de désaccord entre eux et nous (car oui nous avons déjà fait des tables rondes avec l’ADEME sur ce sujet).

La nature de ce label est de s’adapter à chaque secteur et inévitablement, en fonction des domaines d’application, le label peut apporter une vraie garantie (peintures notamment) mais est parfois bien léger par rapport aux labels spécialisés (par exemple la cosmétique face à Cosmebio, la papeterie… même le WWF le dit).

 

Autre nouveau venu dans ce guide, c’est le label « Issus d’une exploitation de Haute Valeur Environnementale« . Le néophyte se dit chouette; l’expert renifle à plein nez le label de bric et de broc. Une référence à « Haute Qualité Environnementale » qui est déjà un label très bof dans le secteur du bâtiment. Le terme « Exploitation » au lieu de « Ferme » qui rappelle le vocabulaire des gros syndicats agricoles.

lesbonslabelsEt une rapide recherche nous confirme que c’est bien une mention issue du Grenelle de l’Environnement où l’on a tenté de ranimer le bon vieux concept d’agriculture raisonnée qui n’existait que pour contrer le dynamisme du label Agriculture Biologique. Contrairement à ce qu’indique la brochure de l’ADEME, nous défions quiconque de me trouver ce label dans un magasin de produit biologique, voire dans un magasin tout court !

A notre humble avis, le rôle d’une agence nationale en matière d’éco-consommation est bel et bien d’orienter les acheteurs que nous sommes vers les produits mieux-disant socialement et environnementalement. En mentionnant des labels n’offrant aucune garantie sérieuse, on ne fait que du recensement, mais pas du conseil.

Loin de nous l’idée de considérer que nos publications détiennent La Vérité. Nous avons toujours revendiqué une part de subjectivité, mais nous sommes toujours capables d’expliciter un positionnement. Par exemple, suite à la récente polémique à propos de Max Havelaar, nous nous sommes interrogés sur la nécessité de réévaluer notre note. Nous avons aussi longtemps penser à référencer tous les labels bidons et nous avons parfois fait une fiche (Sustainable cleaning, conso responsable Leclerc ) mais cela vaut-il vraiment le coup. Il existe tellement d’initiatives farfelues que nous le faisons uniquement quand le logo se répand effectivement.

Mais peut-être qu’un jour, ils auront tous droit à leur affiche. Et là nous pourrons dire : « voici tous les labels que vous pouvez fuir« .

Et avec un peu de chance, ce sera diffusé par l’ADEME ?
Il y a juste un petit Aufhebung pour y parvenir !

Un copain en visite au siège social de Qechua nous a envoyé ce clché !
Un copain en visite au siège social de Quechua (marque Décathlon) nous a envoyé ce cliché !

De la presse et de la presse environnementale

journalismCeux qui s’intéressent au devenir de la presse et du journalisme le savent. Ce secteur est en crise et nos grands titres nationaux, en plus de perdre de l’argent, siphonnent des subventions conséquentes (16 millions pour Le Monde ou Le Figaro,). Ces aides à la presse sont disponibles sur le site du gouvernement et ont été commentées avec ironie par le journal Le Monde Diplomatique. C’est vrai que 7 millions d’euros pour Télé 7 jours, c’est grinçant…

Ce naufrage général est d’autant plus étonnant que ce sont des industriels et les grandes fortunes qui rachètent les journaux. Et comme on ne comprend pas bien pourquoi des professionnels du profit se mettent à investir dans des poches perdues, quiconque a encore du bon sens en déduit que c’est pour une autre raison…

Mais en plus de l’Etat et des grandes fortunes, les journaux et magazines se financent largement avec la publicité… et étant donné leur coût, il n’y a que les grands groupes qui peuvent s’offrir de belles pages de réclame.

Cette critique de la presse n’est pas nouvelle mais elle en dit long sur nos sources d’information, même celles que nous pensons être des « références ». Par exemple, j’ai toujours été traumatisé par le contenu des pages Planète du journal Le Monde qui parle de séisme et de météo… mais point de crise environnementale !

Je ne résiste pas au plaisir d’indiquer un des derniers titres « Ebola : un impact économique « catastrophique » envisagé par la Banque mondiale« . Le titre et le contenu, sans le vouloir, sont d’un cynisme ahurissant. Une épidémie ? Mince  ! Cela fait chuter le PIB…

Couv-Actu-1A propos de misère, un nouveau journal est sorti récemment. Il se nomme « Debout » et eu droit à une intronisation bienveillante de la part d’autres journaux. Il s’agit d’un journal gratuit qui donne des infos pratiques pour les précaires. Des bons plans pour les pauvres au quotidien : « Être épaulé dans sa recherche d’emploi »?; « Obtenir la CMU » (couverture maladie universelle)?; « Électricité?: comment faire baisser sa facture » nous indique le journal La Croix dans une interview de la fondatrice.

Alors on retombe sans fin sur l’éternel débat : doit-on s’attaquer aux symptômes ou aux causes… ou les deux en même temps ?

J’ai peut-être l’esprit tordu mais selon moi ce magazine fait plus de mal que de bien en jouant sur la fibre caritative. Certes des personnes en difficulté oublient de demander certains droits mais le message est clair : « les inégalités se creusent et cela va de plus en plus mal ; alors on ne vous demande pas de changer le système mais de tirer votre épingle du jeu ».

A titre d’exemples, je ne crois pas qu’il soit souhaitable d’envoyer les chômeurs dans l’entrepreneuriat ! C’est un débat archi-connu, notamment avec l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Ecnomique) et les deux points de vue s’entendent. Il y a le court-termisme (« montez votre entreprise de vente de bijoux, ca vous occupera et fera baisser les statistiques de Pole Emploi) et long-termimse (comment s’organise-t-on pour rééquilibrer le temps de travail et les inégalités ?).

Le modèle économique est incertain mais comme le magazine est gratuit, on se doute qu’il y aura des partenairess financiers en mode publicité ou publi-rédactionnel. J’ai manqué de m’arracher les cheveux quand j’ai lu qu’il y auraiit des mécénats rédactionnels avec EDF pour l’article « baisser sa facture électrique ». EDF, l’entreprise qui nous a vendu le chauffage électrique… Parlez-en aux experts de la précarité énergétique

Bref, Violaine du Châtellier, Alix de Saint-Aulaire, Olivier Saint-Jullian ou encore Geoffroy de Sesmaisons me rappellent ces dames qui nous faisaient le catéchisme. Des gens certainement très biens et de bonne volonté mais un peu navrants avec leurs gros souliers emplis de charité et de bons sentiments châtelains.

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Le lendemain, je découvrais l’appel à l’aide de Terra Eco. Terra eco, pour les connaître depuis le début, c’est un magazine qui est passé de l’économie à l’écologie en faisant le pari d’un format grand public. Honnêtement, ce pari de vulgarisation est réussi et la qualité esthétique est au rendez-vous. Je ne peux qu’encourager à soutenir (dons, abonnements, mécénat) parce que c’est un titre précieux dans le paysage de la presse.

Objectif : 500 000 € pour sauver Terra  Eco et rentrer dans l’Histoire.

siteon0-4d1bbHélas, les magazines traitant des questions sociales et environnementales totalement indépendants sont rares et parfois confidentiels. La plus grande surprise vient de Reporterre (fondé par le journaliste Hervé Kempf qui quitta Le Monde) qui parvient à tenir un rythme effréné de publications et de portraits toujours intéressants.

Eux aussi comptent sur le soutien des lecteurs et chaque don compte pour garantir l’indépendance de la petite équipe rédactionnelle.

Quant aux  vieux titres qui ont mon affection depuis le début (L’Ecologiste, La Revue Durable, S!lence, la Décroissance, l’Âge de Faire devenu Demain en mains) ils vivent et vivotent par la force leur histoire et de leur engagement. Ils font du bien car ils montrent qu’une autre information est possible, plus patiente, plus dans le long terme.

J’espère que Terra Eco et Reporterre auront cette chance de passer du côté des vieux… de la veille !

(cf aussi ce billet publié il y a an qui pronostiquait déjà une belle vie à Reporterre )

Pourquoi les hommes préhistoriques ne dessinaient pas la flore

Banksy
Banksy

Au moins les vacances ont cette vertu de nous emmener là où nous n’allons pas d’habitude.

Prenez par exemple les grottes. On y va trop peu.

La France est un pays qui regroupe près de la moitié des grottes préhistoriques découvertes à ce jour. Alors certes, on les ferme car, comme toutes les choses auxquelles l’homme touche, on les dégrade et il faut donc les protéger. Lascaux a sa réplique, le Roc-aux-Sorciers a sa réplique et bientôt la grotte Chauvet, la perle des perles aura la sienne.

En sortant de Lascaux II, une visiteuse témoignait de la chance qu’elle eût enfant à pouvoir déambuler dans la vrai grotte de  Lascaux. Elle disait que tout le monde touchait les peintures, ramenait des cailloux souvenirs. C’était il y a 50 ans. C’était hier.

A cette époque aussi, le public découvrait un film-documentaire primé au festival de Cannes. Dans Le Monde du Silence, emmenée par le commandant Cousteau, la Calypso grattait les éponges sous-marines, massacrait à la hache des requins, dynamitait des bords de mer, crevait un poisson diodon, achevait un bébé cachalot et pique-niquait assis sur des tortues géantes…C’était en 1955. C’était hier décidément.

Banksy
Banksy

Les grottes menacées, nous les avons mis sous cloche. Les animaux menacés, nous les avons mis derrière les barreaux.

Je me souviens de ce livre sur « l’extinction en masse des espèces » qui permettait de relativiser notre faculté anthropocentrique à détruire tout ce qui nous entoure. L’homme préhistorique, l’aborigène, les premiers indo-américains… ca n’a pas fait un pli ! La mégafaune endémique s’est volatilisée dès son arrivée.

Et voilà qu’aujourd’hui, nous détruisons, de par notre respiration même, les vestiges de l’Histoire. De notre Histoire.

Une des rares grottes accessible au grand public pour apprécier d’authentiques peintures préhistoriques est Cougnac, dans le Lot. Même si la réplique Lascaux est au millimètre, on ne sait l’expliquer mais l’émotion n’est pas la même quand on contemple les peintures véritables à Cougnac ! 20 000 nous font face ! Sans tricherie !

Contrairement à l’idée reçue, nos ancêtres Cro-Magnon ne vivaient pas dans les grottes. Ils y allaient uniquement pour leur rituel artistique, chamanique, religieux (?). Et déjà ils détérioraient les beautés minérales des stalagmites centi-millénaires pour se frayer un passage vers la paroi idéale.

Comment leur en vouloir ?

Banksy
Banksy

Comment en vouloir à Cousteau qui pareillement dégradait pour la beauté de l’image ?

Repenti plus tard, lui-même ne disait-il pas qu’il n’avait qu’un seul espoir : « J’ai vu des choses merveilleuses mais qui disparaissent. J’aimerais tant que la génération après moi ne dise pas la même chose. »

Caramba ! Encore raté !

Ce qui surprend à propos des fresques préhistoriques, c’est l’absence totale de représentation végétale. Des bisons, des rhinocéros, des chevaux, une poignée de mammouths, aucun renne (alors que cet animal représentait 90% de leur nourriture animale)… mais pas une fleur ou un arbre !

Trop commun ? Pourtant, les arbres sacrés ont du également exister.

Les paléontologues tentent encore de percer ce mystère…

Mais les vacances sont finies et avec la rentrée, je n’aurais certainement pas l’occasion de fréquenter quelque grotte.

Alors heureusement avec la rentrée aussi, on a l’occasion d’aller dans des endroits inhabituels. Cela s’appelle les grandes messes du demain sera un monde meilleur !

Sea Shepherd - Massacre de cétacés au Danemarj
Sea Shepherd – Massacre de cétacés au Danemark

Cela s’appelle Forum Convergences, Forum Economie Positive, Ateliers de la Terre, Universités de la Terre,…

Quand on découvre le concept on trouve cela excitant ! Enfin un « carrefour de réflexion » mêlant des personnalités de tout horizon, les utopistes comme les représentants de la World Company. Des directeurs d’ONG et des directeurs de multinationales.

L’aventure humaine réconciliée le temps d’un week-end, prêt à discuter pour un avenir brillant, a en plus le mérite de se dérouler généralement dans un lieu prestigieux (UNESCO, Méribel, Centre de Congrès…) et on repart avec des petits cadeaux des sponsors (Un bloc-notes BNP, un stylo Axa, une clé USB Novartis…)

Vous voyez le topo ? Honnêtement, si vous ne l’avez jamais fait, c’est une expérience intéressante. Pendant deux jours, les primo-responsables de la crise écologique, sociale, sanitaire et économique passent pour des personnes de bonne volonté.

Mais dès la 2ème fois où l’on ré-entend la parole de Mohamed Yunus après celle de Jacques Attali, puis celle de Pierre Rabhi puis celle de Jeremy Rifkin… on finit paradoxalement par ne plus croire en rien.

A titre personnel, je suis exaspéré de toujours voir une personne comme Jacques Attali invité à ces cirques conférenciers. Cet homme est tellement symptomatique de la pensée caméléonesque qu’il est l’absence de pensée même. Eh oui, le caméléon n’a pas de couleur. Et aussi frappant que cela puisse être, Jacques Attali n’a pas de pensée. Ce qui est dommage pour un un homme intelligent. Je crois que c’est Clausewitz qui disait « quiconque a du génie est tenu de s’en servir. » Et cet homme ne s’en sert pas (sauf pour lui bien entendu…)

La Decroissance
La Decroissance

Dernier exemple en date (parmi des centaines d’autres), ce chantre de la « libération de la croissance » disait tout le bien de son poulain récemment nommé ministre de l’économie dont on sait qu’il fut intronisé à la banque Rothschild. On m’expliquera comment quelqu’un qui a œuvré pour le rapprochement de Nestlé des laits infantiles Pfizer (deux multinationales on ne peut plus nuisibles aujourd’hui) et qui demande à revenir sur les 35h (quel progrès que de demander aux quelques actifs restants de travailler plus…) puisse réellement changer de Weltanschauung juste en papotant 15 minutes avec Pierre Rabhi. Pierre Rabhi qui ne souhaite pas « libérer la croissance » mais souhaite au contraire que l’homme se « libère de la croissance » !

On m’objectera que la rédemption existe ou que le monde n’est pas manichéen. Oui mais quand tout cela se répète ?

Je suis rude ? Je suis surtout rude envers moi-même qui la première fois ai cru à ce genre de sketch.

Cette année encore, les banksters et les filousophes vont daigner partager un bout d’affiche avec quelques acteurs sincères de la transition… Et à la fin tout le monde de repartir chez soi le soir business as usual.

Dans ces grandes messes à la gloire du progrès et des green tech, on est au milieu des banquiers. Le Forum de l' »économie positive » (concept fumeux pour un bel aveu sur ce qu’est l’économie d’aujourd’hui… c’est à dire négative) en est le meilleur symptôme. Cela sent la banque, la finance et l’assurance de partout. Ca sent le froid et l’obscurité et on se dit qu’ici aucune fleur ne poussera.

Et me revient alors cette idée fugace. Si l’homme préhistorique ne dessinait pas de végétaux dans les grottes, c’est tout simplement qu’aucune fleur ne peut naître dans les ténèbres.

cougnac

La nouvelle vague

Huit ans d’activité dans le milieu bio/ecolo/équitable et nous avons déjà l’impression d’être des dinosaures !

Lorsque nous recroisons les amis qui ont débuté sur les planches du développement durable avec nous :  réseau des freemen, créateurs de mode éthique, jeunes conférenciers en herbe etc… nous discutons avec nostalgie de ces fraîches années, à la manière de ces vieux retraités sur un banc public à qui l’on sourit avec condescendance.

Bon, nous n’avons que la trentaine mais la plupart ont commencé à être pris par les impératifs de la vie d’adulte : obligations professionnelles, crédits à rembourser et même pire, certains ont des enfants, prétexte parfait pour déserter les réunions et cocktails-rencontres.

Auparavant, on prétextait de n’importe quel évènement pour converser sur le macadam jusqu’à 2 heures du matin, ce moment magique où les meilleures idées surgissent. Salon bio, foire équitable, apéro pro, inauguration, performance artistique… Il y avait MyCoop et les green drinks, les alter-mardis et les canalisations. Et les mistrals gagnants…

Désormais, c’est plus compliqué : il faut s’organiser, faire des doodles étriqués entre les possibilités de nounou et les séances de psychanalyste. La candeur et la spontanéité de notre  adulescence a laissé place à la RealDomestik. En un mot, nos vies de combattants sont devenues des vies de quotidien

Forçons le trait encore ! Disons que nous sommes hors-jeu. Pour casser les digues il faut plusieurs vagues. Notre vague à nous, c’était celle qui a connu deux épisodes majeurs et controversés : le Grenelle de l’environnement et le sommet de Copenhague. Si quelques années après, certains en ont daté l’inhumation de l’écologie, ils oublient tout de même de mentionner que jamais l’environnement n’a été aussi médiatisé, débattu, porté sur la place publique. On peut être déçu… mais on n’a pas fait mieux depuis !

La nouvelle vague ne s’appelle plus économie verte mais économie collaborative, ne parle plus d’éco-consommation mais de consommation collaborative. Terme assez paradoxal puisqu’il est censé incarner une forme de résistance à la domination marchande. J’ai déjà, comme d’autres, placé quelques bémols dans cette euphorie collaborative : foi en la technique, mise en avant de start-ups, manque de définition globale du projet de société. Cela n’enlève rien à la pertinence de cette nouvelle poussée qui, par ailleurs, renoue avec la notion fondamentale de « convivialité » qui serait la base d’une société post-croissance. Mais pour cela, ses hérauts doivent se défaire du mythe prométhéen.

Si l’on devait adopter en grande pompe le formalisme hégelien,

  1. la première vague avant nous fut politique (1970-2000),
  2. notre vague fut économique (2000-2010),
  3. la nouvelle vague est technologique.

Pourquoi dis-je que la nôtre fut économique ? Je me souviens de longs débats pour savoir si l’on changeait le monde par la politique ou si justement il en fallait pas prendre le système par son propre jeu à savoir l’économie. C’était sur toutes les bouches : « il y a plus de pouvoir dans un caddie que dans un bulletin de vote ». Et Alter Eco avait ses publicités dans le métro où, au-dessus d’un paquet de café était écrit « C’est si bon de changer le monde ».

Alors bon, nous avons perdu. L’équitable pantèle, la bio est récupérée, les OGM reviennent etc… Mais d’une certaine manière nous avons aussi gagné.  Vous trouvez de la peinture écolo (enfin à peu près…) dans les grandes enseignes. Les grandes surfaces ont décuplé leur gamme bio et locale et Carla Bruni a acheté des couches lavables…

Désormais nous comptons sur la nouvelle vague, jeunes femmes et jeunes hommes ayant achevé leurs études, ayant parcouru le monde en mode sac à dos, avec une maturité déconcertante. Pour en avoir rencontrés, la relève est bien là et prometteuse !

Je serai bien mal placé de refourguer des conseils. Juste un :  « Ne pas partir tout seul ! » Trouver un alter ego, une équipe, un tuteur, que sais-je ? Quelques personnes bien choisies et bienveillantes qui seront le regard objectif et encourageant dans les moments de doutes.

Surtout, ne jamais considérer que l’on va s’enrichir monétairement parlant ! Sinon c’est que l’on a déjà confondu fin et moyen. Il y a de quoi s’enrichir sur plein d’autres aspects : amical, intellectuel, et surtout temporel ! A défaut d’argent, profitez au moins de ce luxe qu’est le temps.

Ami lecteur pas d’inquiétude ! Ce n’est pas un propos d’abandon. Ce n’est pas un « au revoir ! place aux jeunes » mais plutôt un « bienvenue aux nouveaux dans l’aventure ! « . Un peu comme une course de relai où une fois le témoin passé, le coureur continuerait à sprinter pour le plaisir…

D’ailleurs, si vous regardez le flux et le reflux vous noterez que contrairement à ce que l’on s’imagine, il arrive souvent qu’une vague vienne en déborder une autre qui n’a pas encore commencé le ressac. J’aime à penser que nous avons été une vague qui ne s’est pas encore retirée mais qui, pour paraphraser Newton, porte sur ses épaules cette vague bien plus énergique.

En tout cas quelque chose me dit que de toute façon, nous sommes à la marée montante…

Et qu’entre le vague à l’âme et la nouvelle vague, je sais où me baigner !

500 ans après, Magellan finit son tour du monde

Mercredi, Montreuil, « il pleut doucement sur la ville » comme écrivait Verlaine citant Rimbaud. Je parviens au toit d’un immeuble industriel en bordure d’autoroute. L’édifice des années 70 s’appelle MoZiNor (Montreuil Zone Industriel Nord) et il va falloir mettre la fiche wikipedia à jour car le dernier étage, appelé lot 38, comme dans un roman de Thomas Pynchon, n’abrite plus d’ateliers d’artistes.

Sébastien et Katie m’accueillent dans leur atelier. Ils ont entièrement rénové le lieu. Méconnaissable. Nous sommes à l’Atelier Magellan où les artistes ont laissé place aux saveurs épicées et chocolatées.

J’avais prévu de passer une petite heure, comprendre leur aventure, découvrir leur secret et les dessous de leur succès. Une épicerie, un atelier bio, équitable, solidaire avec des saveurs venus du monde entier et maintenant ils couvent le projet d’une boulangerie spécialisée dans les « intolérances » (sans gluten, sans lactose) en SCOP… je crois pouvoir affirmer que si vous voulez retrouver de l’espoir dans l’humain, partager un thé tout là-haut en contemplant la tour Eiffel ici et les bois franciliens là-bas, vous êtes au bon endroit.

J’avais prévu une heure. Nous avons discuté quatre heures avec passion. Si certaines entreprises s’adonnent au story telling qui sert le plus souvent à cacher une réalité peu reluisante, Sébastien et Katie Magellan (ils sont frères et soeurs) révèlent que le nom de Magellan n’est pas une marque… C’est leur nom de famille !

D’origine portugaise, ils sont nés en France mais font partie de cette grande famille liée au célèbre explorateur, premier homme à avoir fait le tour du monde. Les plus précis diront qu’en réalité, Fernand de Magellan n’a pas fini sa boucle puisqu’il est mort aux Philippines. Qu’importe, ce nom est resté, même pour un détroit et deux galaxies. C’est pas rien !

500 ans après donc, l’expédition continue ! Forte d’une famille nombreuse, l’équipe parvient à s’atteler dans le soutien de producteurs à travers le monde en nous ramenant, par bateau, des épices, thés, cafés et cacao en bio/équitable. Dernièrement, ils se sont mis dans la transformation; ils ont le « laboratoire » (avec des éléments récupérés à la vente aux enchères du Ritz s’il vous plaît !) et peuvent même prétendre au titre, plutôt rare, de chocolatier (à ne pas confondre avec les couverturiers).

Quand ils racontent leur début, la petite boutique à Versailles, l’entrepôt au port de Conflans-Sainte-Honorine, et maintenant donc le lot 38 de Mozinor qu’ils ont retapé des mois entiers, on se dit qu’il y a certainement un mécène ou un banquier derrière tout cela. Et la réponse est non ! Du réseau amical, de l’abnégation et bien sûr beaucoup beaucoup beaucoup d’énergie.

Leur dernier projet, encore plus fou, consiste à soutenir la petite dernière dans un projet d’entreprise d’insertion, destinée à former et valoriser le travail des femmes dans le milieu très machiste de la boulangerie !

La SCOP du Pain de la Liberté, c’est aussi avec un agriculteur et des céréales locales ! C’est le complete combo ! Et c’est même pas pour rentrer dans les cases d’un quelconque appel à projet ou ligne subventionnable.

C’est une histoire encore plus simple, plus évidente. Katie et Sébastien ont deux sœurs, qui sont intolérantes au gluten et au lactose. Phénomène d’ailleurs de plus en plus fréquent dans nos sociétés et encore mal diagnostiqué.

Et faire du pain sans gluten c’est tout un art.

Alors elles ont décidé monter leur propre boulangerie sans gluten (sachant qu’elles ont déjà une formation en boulangerie) et il ne leur manque « que » le four. L’agriculteur, le lieu, les clients… tout ca est déjà en place.

Bon vous me voyez venir… Pour acheter le four, direction le crowdfunding. Et je dois dire que nous sommes fiers à eco-SAPIENS d’être mentor d’un si beau projet, avec un si beau nom.

Ca s’appelle « Le pain de la liberté » , ce qui est fortuitement le titre d’un roman dont l’histoire semble se confondre, involontairement, avec celle de cette aventure boulangère ! Il y a des signes…

L’intolérance au gluten concerne de plus en plus de monde et parfois on n’en a même pas conscience. Des diététiciens recommandent carrément des régimes sans gluten car cette protéine est suspectée de causer de nombreuses maladies. Bref, vous êtes peut-être intolérant, à plus ou moins haut degré, et vous ne le savez pas.

Allez, si vous aimez le pain et si vous aimez la liberté alors vous pouvez contribuer au Pain de la liberté dès maintenant !

Jardiniers du vivant…

Diplôme de Jardinière d'enfantsL’enfant est un être vivant ! Si, si, vraiment ! Comme la tomate, le poireau, la vache, le cochon, ou l’oignon blanc ! Difficile à croire en pénétrant dans nos classes ou en regardant nos champs… Mais certains n’en démordent pas et poussent cette idée plus avant.

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Pensez au tri… mais pas trop quand même

Devinette : quel est le point commun entre « tri sélectif » et « développement durable » ?

Eh non vous n’y êtes pas ! Ce sont deux expressions pratiques pour retenir deux figures de style parmi la centaine,aux noms barbares, que nous avons tous un jour péniblement essayé de retenir dans le Gradus des procédés littéraires…

Oxymore : figure consistant à réunir deux termes contradictoires. Par exemple « développement durable »
Pléonasme : figure où deux termes expriment la même chose. Par exemple « tri sélectif »

Quand on aborde la question du tri, et donc du recyclage qui en est la finalité, on navigue en eaux troubles à plus d’un titre.

D’abord parce que l’on confond, sciemment parfois, recyclable et recyclé.
En réalité, presque tout est recyclable… pour peu que l’on y mette les moyens.
Mais en réalité, peu de choses au final sont recyclées.

Autre élément troublant, nos rencontres visuelles et quotidiennes avec ce pictogramme que tout le monde croit connaître. Le « Point Vert » est hélas encore associé pour le commun des consommateurs à la recyclabilité de l’emballage. Le lecteur averti, surtout s’il a eu entre les mains Les bons labels et les truands, sait bien que ce logo n’est qu’une obligation légale. Pour tout emballage, vos marques cotisent à un organisme mandaté par l’Etat au nom captieux : eco-emballages.

Nous sommes durs ?

Cela fait des décennies que cette entreprise est chargée de favoriser le tri et indirectement la réduction des déchets. Mais il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que la réduction des emballages signifierait mécaniquement la baisse des revenus pour eco-emballages…

Des associations comme le CNIID ont souvent demandé en vain à changer l’apparence du pictogramme trompeur.

En 2008 on apprend que l’entreprise plaçait dans des paradis fiscaux (communiqués de presse difficilement retrouvables en ligne et « oubliés » sur la fiche Wikipedia)

Récemment encore, elle publiait un appel d’offre pour l’amélioration de la valorisation l’incinération qui est l’opposé des actions réduction/recyclage :

Pour la part des emballages plastiques qui ne sont pas techniquement recyclables, Eco-Emballages lance aujourd’hui un troisième appel à projets sur les possibilités de valorisation complémentaires, énergétiques et éventuellement chimiques.

pot-a-trier-ou-pasAujourd’hui, la schizophrénie fait un pas de plus. eco-emballages brouille encore plus le message si cela était encore possible. Regardez donc l’image.

Voici l’opercule d’un pot de yaourt. Déjà, les yaourts, ca n’a jamais été clair. Poubelle jaune ou pas ?

En gros et collé au point vert il est écrit « PENSEZ AU TRI ! ».

Et à côté une indication comprenne-qui-veuille : « opercule papier et pot plastique [dessin de sac poubelle] A JETER »

Franchement, qui peut comprendre quoi ?

En tout petit et en clair vous avez une dernière ligne « consigne pouvant varier localement www.consignesdetri.fr »

Donc je dois penser au tri. Mais ce yaourt ne se trie pas. Mais si je veux savoir si localement il se trie, je vais sur un site internet où il me faut flashplayer et beaucoup de patience.

Permettez que nous recourions désormais à l’anaphore :

Nous connaissions le mangerbouger sur les barres chocolatées,
Nous connaissions l’abus d’alcool est dangereux sur la picole,
Nous connaissions le fumer tue sur les cigarettes,
Nous connaissions l’énergie est notre avenir/économisons là sur les publicités Total… (cf ce billet)

Nous connaissons désormais le dernier de la lignée : pensez au tri sur les emballages qui ne vont pas au tri !

Suffisait d’y penser.

C’était certainement pour mettre à l’honneur cette autre figure de style : l’antiphrase !

On sort le champagne et les petits fours… Prakti ?

Difficile de s’en rendre compte mais pour l’immense majorité des humains, cuisiner nécessite une logistique bien plus complexe que chez nous. Ici on tourne un bouton pour avoir le gaz ou l’électricité. Mais partout ailleurs, ce sont 3 milliards de personnes qui cuisinent au bois ou au charbon.

En général, ils utilisent des fours rudimentaires qui, en plus de ne pas être optimisés pour la combustion et gaspillent des ressources, sont dangereux pour la santé de ceux qui cuisinent.

L’étude Global Burden of Disease de l’Organisation Mondiale de la Santé estime que 10 000 morts par jour sont liés aux maladies respiratoires lors de la cuisson.

Ma route a croisé celle de Moushine, ingénieur maroco-américain qui a lâché un boulot plutôt confortable aux Etats-Unis pour se consacrer, dès 2008, à inventer un four idéal. Bizarrement, améliorer un objet aussi rudimentaire n’a jamais été la priorité des ingénieurs alors qu’il est manifeste que cela sauve des vies, améliore le confort des populations… et préservent des ressources comme le bois et le charbon.

Le mieux est de consulter l’argumentaire de Prakti, l’entreprise sociale qui conçoit, fabrique et distribue déjà ces fours dans plusieurs pays (Haïti, Soudan, Inde, Népal et bientôt Congo, Bangladesh) :

Dans les pays les plus pauvres, les maladies respiratoires sont la deuxième cause de mortalité, faisant 4 millions de morts chaque année dans le monde ! (lien en anglais)

De plus, l’achat de combustibles (bois et charbon) représente jusqu’à 40% des dépenses de ces ménages. Réduire l’importance de ce poste de dépense peut libérer un budget important, budget en général géré par les femmes et donc plus susceptible de bénéficier à la famille tout entière. (lien en anglais)

Finalement, la dépendance dans la forêt est d’autant plus importante que les foyers sont démunis : les familles consomment des produits de la forêt, qui abrite une biodiversité importante pour la survie ; elle protège de l’érosion et de la désertification ; elle est un réservoir de CO2, etc. Leur destruction contribue à un accroissement rapide de la pauvreté locale. (lien en français)

Personnellement, quand j’ai entendu parler de Prakti Design il y a un an, j’ai découvert ce que pouvait être le quotidien de millions de personnes et j’ai trouvé étrange que cette thématique soit aussi peu « récupérée » par le monde industriel.

L’humoriste Florence Foresti joue un célèbre sketch à propos des poussettes qu’on essaie de plier pendant des heures. Elle est persuadée que si ce n’était pas les femmes mais les hommes qui étaient les premiers utilisateurs de poussette, nul doute qu’ils auraient consacré la même inventivité que pour les voitures et que les poussettes seraient alors plus ergonomiques et pliables en un clic !

Ainsi, si nous aussi au Nord nous avions à cuire au bois ou au charbon à la maison, il est évident que nos fours seraient aussi modernes que certains barbecues de compétition !

D’ailleurs, pourquoi ne pas cuisiner avec des foyers Prakti aussi en Occident ? Quand on y réfléchit, le barbecue est une « tradition » estivale qui est plutôt aberrante : manger de la viande (pas très écolo et pas très sain) qui plus est semi-calcinée (vraiment pas sain du tout). Alors on pourrait, soyons fous, remplacer nos grilles à barbaque, par des fours Prakti pour cuire des chaudes plus saines dans des marmites.

Bref, encore une fois, c’est au Sud qu’il nous faut chercher l’avenir !

Prakti Design a lancé il y a quelques jours un crowdfunding (financement participatif) sur KissKissBankBank, une des principales plateformes françaises. Il faut absolument qu’ils atteignent leur objectif de 15 000 € dans les jours qui suivent. C’est pour de la recherche et développement afin de diminuer le coût de production des fours (rappelons qu’ils sont fabriqués en Inde). Passer de 60$ à 25$

A vos contributions ! (ou à vos questions !)

Pour soutenir Prakti Design

A propos de poussette, j’ai retrouvé ce billet qui parlait du marketing au service de bébé ! Des mannequins dénudés dans un catalogue papier glacé de poussettes avec pas un seul prix !

Allez Pauline, voici quelques répliques pour t’aider

J’ai découvert l’existence de Pauline Lefevre (alias Pauline Secours) non pas grâce à la télévision, jetée depuis lurette, mais par les réseaux sociaux. C’est finalement la même chose puisque des amis avaient partagé un extrait de chronique « La Vie autrement » diffusée lors de l’émission La Nouvelle édition sur Canal+

Donc Pauline.

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