Peut-être avez-vous reçu un email vous invitant à piéger le frelon asiatique. Il est louable de mobiliser ainsi jardiniers amateurs et particuliers dans la lutte contre ce prédateur de nos abeilles déjà bien affaiblies. Mais cet enrôlement est vraisemblablement contre-productif. (suite…)
Auteur/autrice : BaptisteR
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Fermer le robinet quand on se lave les dents, éteindre les veilles, ne pas laisser son chargeur branché pour rien… tous ces petits ecogestes divisent encore les partisans sincères de la transition écologique.
D’un côté les « rationalistes » qui remettent les chiffres à leur place et démontrent que ces ecogestes, même cumulés par millions ne pèsent rien face à certains ordres de grandeur. En rejetant la faute sur le consommateur, ils prétendent que c’est une diversion, une sournoise façon de ne pas accuser les véritables responsables : agriculture, énergie, …
Ils n’ont pas tort.
De l’autre les « colibristes » qui font le pari que la transformation du monde commence par la transformation de soi et que tout acte, aussi dérisoire soit-il, est une manière de se ré-approprier son destin à sa modeste échelle.
Ils n’ont pas tort.
Une fois cette dialectique posée, qui est en somme la même que celle opposant « petites structures cohérentes à 360 degrés » et « grosses multinationales qui fléchissent d’un degré tous les 5 ans« , tout Hegelien qui se respecte a envie de dépasser cette opposition avec une troisième voie.
En 10 ans, il me semble que cette opposition existe toujours. Mais ce qui est nouveau, c’est la lucidité partagée par chaque camp. Tout le monde a intégré qu’il n’est qu’un morceau de la solution. Si je ne croise plus beaucoup de partisan radical de la simplicité volontaire, je ne rencontre plus aucun responsable « développement durable » qui en fait des tonnes sur sa multinationale qui contribue à rendre le monde meilleur.
Chacun est bien conscient des limites de son rôle, de son ancrage dans la sphère politique et économique.
J’ai ressenti cela dernièrement en déjeunant avec les fondateurs de Lilo, ce moteur de recherche solidaire, plutôt « colibriste » et qui ne méritait pas mon ire démesurée ! Un échange constructif (et bien différent donc d’un entretien équivalent que j’avais eu avec Veosearch) avec Marc et Clément, les deux initiateurs de Lilo m’a rassuré sur ce point. Ils sont totalement conscients de certaines limites dans leur démarche et c’est pour cela qu’ils prennent les devants, notamment en se positionnant sur l’anonymat numérique (un enjeu que nous allons intégrer durablement avec les récentes élections américaines…)
Le point faible reste la dépendance à la publicité et à Google. Et de ce côté là, il n’y a pas à mon avis pas encore de réelle alternative autonome qui émerge.
Le petit rêve frenchtech se dessine pourtant. Pouvoir un jour surfer sur Internet avec un navigateur open-source et anonyme, à partir d’un moteur de recherche anonyme, performant et français et pourquoi pas flécher une part de la publicité (éthique ?) vers des projets sociaux grâce aux gouttes d’eau collectées par Lilo.
Des projets avancés comme la formidable boîte à outils »Degooglisons Internet » ainsi que le renouveau inattendu du moteur de recherche Qwant sont peut-être les premières étapes d’un tel dessein.
Mais revenons aux gouttes d’eau de Lilo et du colibri !
Quand j’ai écrit les premières lignes de ce billet, à propos de l’utilité des ecogestes, j’ai du m’interrompre pour vérifier certaines choses que j’avais lues à propos du gaspillage d’eau. Croyez-le ou non,ce qui pour moi n’était au départ qu’une simple
vérificationfact-checking nécessitant quelques minutes, s’est révélé être un vaste chantier qui m’a occupé deux jours durant…Je m’apprêtais à rappeler que la consommation d’eau pour les particuliers était dérisoire par rapport aux fuites sur le réseau et par rapport à l’agriculture.
Voici ce que dit Wikipedia à la page Eau potable en France :
L’eau en France est consommée à 50 % par l’agriculture, 20 % par l’industrie alors que 30 % est réservée pour l’eau potable
Bingo ! C’est bien ce dont je me souvenais, ce sont les agriculteurs les coupables ! A asperger leur champ sous un cagnard rigolant à l’idée de toute cette eau qui s’évapore au lieu d’abreuver ces étendues de maïs amérindien qui a séduit le marais poitevin…
Bizarrement, j’ai voulu en savoir un peu plus, remonter aux sources. Je suis tombé sur un rapport du ministère du développement durable qui, à défaut de concision, avait le mérite de détailler tous les volumes d’eau que je voulais interroger !
Et là ca ne collait pas du tout. Mais alors pas du tout. Je me suis dit qu’une notion devait m’échapper. S’il faut bien distinguer les « prélèvements » des « consommations », dans aucun cas je ne retombais sur ces 50% consommés par l’agriculture.
Le pire, c’est que la « référence grand public » CIEAU continuait de distiller le doute.
L’agriculture française prélève chaque année 3 143 millions de m3d’eau, soit 9 % des prélèvements nationaux (48 % en part consommée).
Si le chiffre absolu de 3,1 milliards de m3 m’était familier à force d’éplucher les données disponibles, jamais il ne pouvait donner ces 48% ou 50% de part consommée. D’où venait l’erreur ?
Wikipedia puise ce chiffre dans un article du Figaro (sic), qui ne mentionne pas sa source mais que je devine être la même que CiEau, à savoir un rapport du Conseil d’Etat (580 pages si vous avez le courage, j’ai particulièrement trouvé goûtu l’infographie page 286…)
Rapport qui lui-même s’appuie sur ce document de l’IFEN.
Bref, la même erreur depuis 2006 !
En valeur absolue, tout est bon. Mais un problème de calculette et les pourcentages dérapent.
Sankey, le diagramme de la mort qui tue !
Le diagramme de Sankey mériterait d’être plus connu. Il s’agit d’une représentation graphique (comme un camembert, un histogramme…) qui permet de visualiser des flux. J’ai découvert ce type de diagramme grâce à l’association négaWatt qui en a établi des fameux dans le domaine de l’énergie.
Ce que je trouve magnifique avec ce genre de visualisation c’est que vous pouvez passer des heures à raconter telle ou telle histoire selon que vous empruntez tel ou tel chemin. Par exemple, sur ce diagramme de Sankey, vous pouvez imprimer d’un coup :
- notre dépendance au pétrole
- l’efficacité des centrales nucléaires… pour chauffer les oiseaux
- la diversité des énergies pour se chauffer
Ni une ni deux, je me suis mis en tête de faire un Sankey pour l’eau en France. J’aurais préféré en trouver une toute prête mais désormais échaudé, j’ai préféré retravailler avec les données que je considère sûres. J’ai quelques approximations.
Et donc mesdames et messieurs, c’est une première ! En tout cas pour moi… Le diagramme de Sankey pour l’eau prélevée et consommée en France !
Hormis sa laideur, ce diagramme de Sankey m’a appris plusieurs choses, et j’espère qu’il aura les mêmes vertus pour vous.
- C’est fou le prélèvement d’eau pour refroidir les centrales. Elles ne font pas que chauffer les oiseaux, elles chauffent aussi les poissons ! (sujet d’ailleurs assez méconnu, le réchauffement de 3°C du Rhin)
- C’est fou l’inefficacité du réseau d’eau potable. 1 goutte sur 5 n’arrive pas à destination à cause des fuites dans les tuyaux. C’est 1 milliard de m3, soit la même quantité que l’eau consommée dans le secteur tertiaire (hôpitaux, bureaux, écoles…)
- L’agriculture consomme donc moins que l’eau potable domestique (3 et 3,5 Gm3). Mais c’est vrai que le pic de consommation en été peut représenter plus en pourcentage. Le plus fou, c’est surtout le fait que 40% de l’irrigation concerne le maïs. Une plante qui sert principalement à nourrir les animaux.
On imagine que le but premier des infrastructures de l’eau est de nous fournir de l’eau potable. Mis bout à bout, comme une chaîne énergétique, on arrive à ce résultat fascinant.
Sur les 33 milliards de m3 prélevés chaque année, 4 millions seulement servent à épancher notre soif. Pour le dire simplement, pour une grande bouteille d’eau prélevée dans nos rivières et nos nappes phréatiques, il y a une goutte qui sera bue !
Du coup je ne sais plus quoi penser. J’ai bien envie d’accuser les agriculteurs, la vétusté du réseau, les gens qui lavent leur voiture, la chasse d’eau qui fuit,…
Mais tout ceci me semble dérisoire, le problème insurmontable. Je me rappelle ce sketch de Franck Lepage qui dit que s’il y a bien une chose qu’on ne fait pas avec l’eau potable, c’est la boire !
Il n’empêche, c’est l’heure de se laver les dents. Dans le doute, je vais couper le robinet.
Billet dédicacé à Sylvain L. et aux fans de www.sankey-diagrams.com
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« Ecrire, c’était mettre de l’ordre dans ses idées. » ai-je lu récemment sur un réseau social où régnait pourtant le chaos. Comme j’aimerais que ce genre de miracle se produise, par la simple puissance du Verbe. Mais rien n’est moins sûr. Car parmi mes idées en suspension, j’ai en ce moment des étymologies indo-européennes, des angoisses électorales, des archéologues de la quantification du monde et une correspondance épistolaire avec le dernier grand pingouin. Ardu !
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C’est ce qu’il m’a répondu, Philippe, quand je lui demandais malicieusement comment on faisait pour attaquer en justice l’URSSAF.
C’est que ce jour là, je fulminais réellement. C’est facile et de bon ton de rouspéter contre une administration sourde et insensée. Tout le monde a en tête le fameux « laisser-passer A38 de la maison qui rend fou » dans le dessin animé « Les Douze Travaux d’Asterix ».
Donc oui c’est frustrant, pénible et chronophage (parfois même coûteux !) de vouloir faire des démarches correctement.
Le truc classique, c’est de ne pas rentrer dans les cases. Autant vous dire qu’en SCOP (société coopérative) on ne rentre JAMAIS dans les cases de l’administration.
Le plus difficile c’est la question du « dirigeant salarié ». Car oui, dans une SCOP, le gérant n’est qu’un salarié qui « prend le mandat de gérant lors d’une élection à l’Assemblée Générale. » Or, pour l’administration (URSSAF surtout) il existe deux régimes en principe exclusif : le salarié et le gérant. Beaucoup d’amis entrepreneurs, mais non coopérateurs, relèvent donc du régime du RSI (Régimme Social des Indépendants).
Il existe à l’heure actuelle un flou artistique sur le statut du gérant coopératif qui n’est pas sans rappeler la fable de La Fontaine « La Chauve-Souris et les Deux Belettes » :
Je suis Oiseau : voyez mes ailes ;
[…] Je suis Souris : vivent les Rats ;TESE et le Labyrinthe du Monstre…
Michael Fiodorov En Juillet dernier, eco-SAPIENS a fait le choix de changer de comptable et d’aller vers un « défricheur », à savoir le premier cabinet d’expertise-comptable en SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif).
Sur les conseils de Finacoop, nous avons décidé de passer sur un dispositif gratuit et simplifiant proposé par l’URSSAF. Un dispositif pour les TPE, innovant, prometteur… et sous-utilisé. Quand on a découvert ce truc, on se pinçait ! Enfin une interface où l’on peut déclarer simplement les salaires, avoir les bordereaux de cotisations, les bulletins de paie et même le prélèvement.
J’ai donc entamé la procédure, pas forcément triviale à implémenter mais au final, grâce au concours d’une opératrice conciliante, j’ai sorti tout comme il faut.
Et quelques jours plus tard… tout s’effondre…
Suite à l’étude de votre dossier, je constate en effet à l’Insee que vous êtes en SCOP.
Je vous informe que cette particularité ne peut pas être gérée au sein du service Tese.
C’est pourquoi vous devez impérativement procéder à vos déclarations en dehors du dispositif Tese.
J’ai procédé ce jour à la suppression du volet social de Juillet 2016, et demandé la radiation de votre compte auprès de votre Urssaf.Saurez-vous immobiliser le point noir ? Je sais pas si vous réalisez la violence du propos. Je supprime le passé, je t’interdis le service et même je te coupe de l’URSSAF. Parce que là oui on rentre en mode Asterix, à savoir qu’un simple dispositif URSSAF a carrément réussi à indiquer à l’URSSAF que la société était radiée !
Si vous comprenez pas, je vous propose la métaphore suivante :
- Vous allez à La Poste pour expédier un colis,
- Vous remplissez le bordereau
- L’agent vous sourit et vous prend le colis
- Une semaine plus tard il vous demande si vous êtes du village.
- Vous lui dites que oui mais que vous habitez chez un ami. Il trouve que c’est bizarre, vous rend le colis, vous dit que vous ne pourrez pas l’envoyer à ce bureau et vous explique que vous ne pourrez plus en envoyer car il a déclaré que votre signature ne serait pas reconnue par La Poste en général.
Désolé pour la bizarrerie de cette métaphore mais je ne trouve pas plus bijectif tellement la situation est absurde. Absurde car rien n’explique que le TESE soit dans l’incapacité de gérer les particularités liées aux SCOP. Car :
- De particularités sur les fiches de paie et cotisation, il n’y en pas
- Il y a déjà plein de SCOP qui utilisent le TESE…
Saisir le Minotaure par les cornes
Oui il y a des coopératives qui sont depuis longtemps sur le TESE mais pour ne pas leur causer d’ennui, on ne va pas les mentionner. Il s’agit donc de discrimination et le sujet me paraît sérieux. Mon interlocutrice ne voulant entendre aucun des arguments, j’ai voulu tenter l’aventure ! Est-ce que l’on peut affronter l’URSSAF ?
Bah ca n’a pas l’air simple. Le seul truc que j’ai vu c’est de saisir, la Commission des Règlements à l’Amiable. J’aime bien ce terme « amiable » car c’est mon état d’esprit. Je n’ai pas de rancœur et je préfère plutôt avoir un échange sincère et constructif. ne serait-ce que pour ouvrir la voie à d’autres coopératives plus tard.
Je vous laisse deviner la réponse de cette Commission à mon courrier : pas de réponse bien sûr !
En fait c’est un peu normal car ma requête doit être inédite; en général les litiges avec l’URSSAF concernent la partie cotisations (évaluation, pénalités etc.)
Un petit bras de fer va donc commencer. Un appel à témoignage d’autres SCOP et SCIC a été lancé par la Confédération Générale des SCOP/SCIC. Et nul doute que le « choc de simplification administrative« , promis en 2013, et dans le quel figure le point Répondre aux obligations comptables, fiscales et sociales, nul doute donc qu’il sera mis en oeuvre dans ce contexte.
Mais je vous laisse, la planète se déglingue, la biodiversité se meurt et les inégalités s’accroissent… j’ai décidé d’avoir plein d’autres combats !
Pour en savoir plus : voir le billet de Finacoop : Le TESE, interdit aux SCIC et aux SCOP
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Un petit mot pour vous dire que j’ai eu le privilège d’être interviewé dans le documentaire Quand nos T-Shirts filent un mauvais coton diffusé sur France5. L’émission est en accès libre jusqu’au 24 Octobre.
Dans ce reportage réalisé par Camille Roperch et Alexia Sauvageon, je parle surtout de la misère du label Better Cotton Initiative. Un bidule créé par les grandes marques pour leur collection « éthique ». En regardant le documentaire, j’ai appris que les réalisatrices n’avaient d’ailleurs pas eu de réponse de la part d’H&M sur ce sujet. Certains silences en disent long.
Au delà des enjeux sur la culture du coton et du bashing, il y a aussi une petite note d’espoir sur des initiatives exemplaires.
Je profite aussi de ce blitz-post pour partager la nouvelle vidéo de DirtyBiology qui relie merveilleusement un thème qui nous est cher (combien vaut la Nature ?) et la psychologie, sujet récemment traité à propos de la neurosagesse.
En résumé, pour motiver le plus grand nombre à « protéger la nature », il existe deux mécanismes possibles : la voie émotionnelle (spirituelle, sensible, qu’il-est-mignon-ce-bébé-phoque) et la voie rationnelle (utilité écologique… mais surtout hélas économique puisqu c’est l’outil dominant nos sociétés…).
J’y ai appris que nos cerveaux sont hélas mieux câblés pour être sensible au sort d’un individu que d’une population. D’où la nécessité d’
AlGoreiserallégoriser la Nature.En un mot, pour faire de l’écologie efficace, il va falloir s’intéresser à la psychologie. Une révolution…
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Début 2016, j’avais évoqué une vidéo inspirante d’un certain Idriss Aberkane à propos de l’économie de la connaissance et du biomimétisme. Cette vidéo est devenue virale en septembre 2016 et c’est bien mérité car, malgré les bémols que j’avais humblement barbouillés sur sa partition à l’époque, son intervention était inspirante. D’abord parce qu’il a un talent de vulgarisateur, avec des formules bien amenées et des métaphores perspicaces, ensuite parce qu’il propose un futur « out of the box« .
Je le remercie d’avoir répondu brièvement à mon billet expliquant les raisons de ce qui me semblait des lacunes. Pour se disculper, il évoquait une vidéo tournée dans un contexte de lobbying où il s’agit de convaincre des décideurs.La nouvelle vidéo qui circule est au sujet d’un livre qui est paru ce 4 Octobre (et que je n’ai donc pas lu… pour le moment) : « Libérez votre cerveau« . J’invite tout le monde à la visionner :
Le bon doigté pour attraper un problème avec son cerveau
Attraper une bouteille avec sa main est trivial car on voit comment s’articule notre main. Mais comme on ne « voit » pas notre cerveau, on ne l’utilise pas forcément de manière optimale pour appréhender un problème cérébral.
« Si l’on voyait comment notre cerveau attrape de la connaissance, on aurait pas besoin de faire de la recherche en neuroscience ».
Cette comparaison nous fait comprendre en un éclair comment font les « prodiges » tel ce Rüdiger Gamm, capable de trouver en une seconde que 53 puissance 9 vaut 3 299 763 591 802 123. Il répartirait l’effort sur plusieurs aires du cerveau pour « attraper le problème » un peu comme on utiliserait plusieurs doigts pour attraper une bouteille.
Mémoire épisodique, mémoire spatiale, mémoire procédurale et mémoire de travail (celle qui dure 15 secondes) sont activées et synchronisées pour une nouvele « ergonomie » cérébrale.
« La bonne nouvelle c’est qu’on pourrait tous faire ça »
Car « quand on fait de la neuro-ergonomie, on peut tout changer : l’école, le travail, la politique, la communication ». Peut-être sans le vouloir, le propos insiste sur les possibilités dans la pédagogie. En postulant que l’apprentissage à l’école est une souffrance, il laisse entrevoir une possibilité d’apprendre en utilisant les résultats de la neuroscience. Et là où c’est effectivement une très bonne nouvelle, c’est qu’il semblerait que notre cerveau raffole d’un truc pour apprendre : le JEU !
Jouer est la façon normale d’apprendre. Pas la façon exceptionnelle ! […] Aujourd’hui l’école n’est pas compétitive pour capter l’attention.
Et on en vient au point qui m’a motivé pour écrire à propos de cette vidéo. Idriss Aberkane constate qu’à notre époque (société des loisirs, de la distraction ?) avec les jeux vidéos, la télé, facebook, etc. il faut reconnaître que l’école peine à capter notre attention !
Il se trouve que depuis quelques mois, j’ingurgite une quantité de vidéos Youtube. J’ai en effet débusqué (enfin, après toute le monde…) une communauté de youtubeurs talentueux qui font de la vulgarisation scientifiques. Entre autres MicMaths pour les mathématiques et DirtyBiology pour la biologie.
Alors on objectera que ce n’est pas très nouveau. Que ce n’est que le « format » qui change. Qu’il y a aussi des excellents livres, revues… et même d’excellents professeurs tout simplement qui font aussi bien qu’un Youtubeur pour propager de la connaissance.
La différence repose sur le pouvoir de contagion. Si je peux m’emballer pour une lecture (par exemple le dernier David Graeber ou un nouveau tome de l’Encyclopédie du Dérisoire et de l’Inutile…) je vais prêter le livre à un ami avec une faible probabilité que ce soit lu par l’heureux élu.
Depuis quelques mois j’embête tout le monde avec ce doute qui m’habite depuis quelques mois : et si la vulgarisation scientifique n’allait pas devoir abandonner progressivement l’écrit pour la vidéo…
Exemple personnel et récent : au même moment où je lisais un ouvrage de référence sur les langues celtes, je tombais sur une vidéo d’un jeune youtubeur qui proposait une superbe cartographie en timelapse de l’évolution desdites langues. Plus clair, plus direct, plus facile à digérer.
Au début j’en étais très chagriné, victime du syndrome du jeune Sarte analphabète qui vénérait les « pierres levées » de la bibliothèque grand-paternelle. Oui le livre garde une dimension sacrée et c’est comme un blasphème pour moi que de comparer la littérature pluri-millénaire à cet épiphénomène technologique nommé Youtube.
Mais ironiquement, dans le cas présent du youtubeur/auteur Idriss Aberkane, la promo du livre est ici bien assurée par la vidéo. Je crois donc que je vais quand même aller plus loin que ces 10 minutes de vidéo et me farcir le livre 😉
Mais revenons à cet extrait justement. Le chercheur nous fournit une nouvelle métaphore. L’école c’est comme un buffet à volonté dans un hôtel de luxe. Un truc génial donc… sauf que le maître d’hôtel vous ordonne de tout manger ! Et d’être sanctionné sur tout ce que vous n’aurez pas bien mangé !
(Pour infos, il y a des restaurants asiatiques qui pratiquent ce genre de règle… et c’est vrai que ça incite à des comportements étranges…)Une bonne école est une école où le prof prend son pied et où l’élève prend aussi son pied.
En conclusion, il évoque le danger des neurosciences (que je connais bien grâce au travail incomparable et précurseur fourni par Pièces & Main d’Oeuvre) qui risquent bien de se retourner contre nous puisqu’elles sont surtout étudiées dans le secteur militaire et marketing…
Et donc d’invoquer une sorte d’éthique en neuroscience, qu’il appelle neurosagesse. Gageons que cet appel est autant périlleux que l’éthique en biologie… Oui, effectivement « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme« . Et je ne suis pas certain qu’un manifeste, aussi bon soit-il, orientera les recherches en neuro-science pour la paix et l’allégresse. C’est mon background Ellulien qui parle…
Mais ce manifeste, en renouant avec la vieille idée du surhomme (le surhomme bien compris, celui qui sait se dominer) renouvelle tout de même fortement la question de la Technique. Car là où les dominants rêvent de transhumanisme (doper l’homme par l’artefact) cette neurosagesse propose une troisième voie à savoir une possibilité de doper l’homme par la Méthode. En premier lieu la pédagogie mais surtout donc la connaissance intérieure et psychique.
Alors même si l’on se méfie toujours des lendemains qui chantent, je dois avouer qu’en tant qu’eco-sapiens, c’est à dire étymologiquement attachée à la sagesse chez soi, cette neurosagesse ici proposée me plaît bien. Qui sait ? On va même pouvoir la rattacher définitivement avec les recherches en neuroscience de la méditation.
Affaire à suivre donc !
(Edit voici le billet où je fais part de ma déception : On peut se tromper )
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Il y a des invitations « petit déjeuner – conférence de presse » qu’on devrait refuser. Je ne sais comment mon email s’est retrouvé dans leur fichier mais j’ai accepté d’assister à une présentation presse sur l’état de santé de la biodiversité en Île-de-France. En clair, est que la faune et la flore de la région parisienne se porte bien. J’avais comme un pressentiment…
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Bayonne, 1931.
Voici le beau Sacha. Il convainc le député-maire de monter un crédit municipal, un « Mont-de-Piété » .
Une petite « banque » on les plus déshérités peuvent emprunter de l’argent… à condition de laisser en gage des objets personnels.
Avec la complicité de fonctionnaires et d’élus, une gigantesque arnaque à 200 millions d’euros se met en place. Des bons de caisse sont émis sans aucun contrôle.
En 1934 le scandale éclate (avec déjà le Canard Enchaîné) aboutissant à l’étrange « suicide » de celui qu’on nomma ensuite l’escroc du siècle.
Cela fait des années qu’en tant qu’entrepreneur je navigue dans les eaux troubles de la finance. Comme beaucoup, après la « crise », je me suis interrogé sur l’argent, la banque, la dette… tous ces concepts qui me semblaient clairs, par exemple la fameuse légende des intérêts qui permettent aux prêteurs de vivre de cette activité. Je crois que le déclic a eu lieu quand j’ai appris que la France allait sauver ses banques (BNP, Société Générale…) alors que j’étais persuadé que le France « empruntait » régulièrement de l’argent à ces mêmes banques car sinon qu’était-ce donc que la dette de la France ?..
J’ai vu des tas de documentaires et d’articles pédagogiques concluant que la vraie question était de savoir « qui avait le droit de frapper l’argent i.e. qui avait le droit d’émettre de la dette ? » Or l’affaire Stavisky c’est la moelle. Des contrôleurs complices et des autorités mouillées. Et le fameux « too big to fail » jusqu’à ce que cela finisse dans la démission d’un gouvernement !
Paris, 30 Sept 2013.
Je vais à Bercy, Ministère des Finances, pour les 1ères assises de la Finance Participative. Évidemment à la bourre, le service de sécurité me demande « Vous êtes journaliste ? ».
Amusé je réponds « C’est compliqué. » Et hop, prenant cela pour un oui, les vigiles m’envoient illico vers une porte où se tient une session presse.
J’ouvre la porte et me retrouve nez à nez avec l'(ex)ministre Fleur Pellerin, pour une séance presse, avec une poignée de journalistes. Je me sens un peu obligé de poser une question. Ca tombe bien, j’en ai une. A la croisée de la finance participative et de la finance solidaire, à propos des titres participatifs. Madame la ministre répond à côté. A sa décharge la question est technique car faut-il le rappeler, le crowdfunding equity est bien loin des thématiques de la finance solidaire (voir notre billet là-dessus).
Une fois sorti, je cherche désespérément la plateforme WiSeed avec laquelle je fomente justement depuis plusieurs mois une opération innovante pour émettre des titres participatifs avec leur plateforme equity. Cela s’appellerait WiCoop et ce serait donc une première en France. Il faut juste s’assurer que Bercy comprenne. C’est pas gagné.
Je croise les fondateurs de Kisskissbankbank, Ulule et d’autres challengers. Que des jeunes en baskets dans un repaire de costumes à cheveux grisonnants qui d’ailleurs sont là pour savoir qui racheter.
Rue de Marseille, Paris, 27 Mai 2015.
Je vais avoir 33 ans, l’âge christique. Je traîne à Paris et je me rappelle que chez Centre Commercial, il y a le lancement du crowdfunding pour Demain Le Film. Il y a Cyril Dion et aussi Mélanie Laurent (mais comme je suis inculte, je la salue poliment sans savoir qui c’est). Et d’autres amis qui sont dans l’euphorie car le lancement de cette campagne est un triomphe. Or, quelques minutes auparavant, j’ai eu un coup de fil du directeur de WiSeed qui m’informe qu’il annule notre opération avec eco-SAPIENS.
Ça faisait juste 8 mois que nous travaillons dessus. Nous avions fait le déplacement en train à Toulouse pour peaufiner cela quelques jours avant et la collecte d’intentions avait déjà démarré. Bref, un vrai coup de poignard dans le dos qui fait que malgré la bonne humeur des copains, j’avais la tête ailleurs.
Pour infos, le Wiseed dédié aux coopératives existe désormais… mais sans nous. Pour nous ça a plutôt été un oui-cide…
Avec nos amis d’Ethiquable (qui d’ailleurs nous avait filé un rapide coup de main quand nous travaillions sur le montage).
J’ai pas mal d’anecdotes truculentes sur ce dossier « financement participatif pour l’économie sociale et solidaire » mais j’ai peur de m’égarer. Car n’en déplaise aux apparences, ce billet suit une certaine logique !Je vais avoir 33 ans dans 3 jours. Et, croyez-le ou non, on m’a crucifié 3 jours trop tôt !
L’Archipel, Paris, 17 Mars 2016
Une chapelle vers Saint-Lazare (tiens lui aussi a réssucité !). Immaculée Conception. Ancien siège de l’INPI. Etrange. Les alcôves sont remplies de livres. Drôle de mélange où la grandeur religieuse expose des encyclopédies et des romans policiers… C’est L’Archipel.
La Nef (sic! ), la banque éthique dont nous vantons les mérites depuis toujours organise un évènement pour présenter leur nouvelle plateforme de crowdfunding. Cela s’appelle Zeste. Au début j’ai trouvé le nom assez nul à cause de sa consonance de zozotement. Et puis j’ai vu que ca tournait au jeu de mots : « pour soutenir ce projet, faites un zeste ! ». Bon.
Et puis je me suis souvenu que M6 avait créé une chaîne qui s’appelle W9 parce que c’était la même chose à l’envers. Et j’ai observé que ce Z de Zeste c’était le N de Nef à qui on avait plus modestement fait un quart de tour. Bref, la Nef c’est la banque et le Zeste c’est la même chose mais en 2016 : éthique, coopératif, transparent… et numérique.
Mardi 29 Mars, Ministère des Finances, Paris
J’arriverai un peu en retard aux 3èmes assises de la finance participative. On me demandera si je suis journaliste et je répondrai là encore d’un ton amusé que c’est compliqué. Des banquiers « conventionnels », ceux dont on rappelle chaque jour leurs frasques dans les paradis fiscaux, vont se féliciter de l’essor du crowdfunding qui leur permet de prendre une commission sur des projets qu’ils ne financent pas. Il y aura les plateformes historiques, pionnières, celles qui ont défriché un terrain miné (BlueBees, KKBB, Ulule…) qui ont gardé leur fraîcheur éthique avec les années. Il y aura les plateformes qui m’agacent, celle qui, à la manière du beau Sacha, se financent entre elles parce qu’elles ont péniblement gagné cet agrément.
Ou peut-être que je ne pourrai même pas rentrer. Qu’en fin de compte, c’est moi le beau Sacha à m’inviter clandestinement dans les cénacles de la phynance. Et les vigiles m’arrêteront en disant : « Halte là ! Plus un zeste ! »
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« Ah tiens je t’ai vu récemment à la télé avec des boîtes de thon ! »
Il m’arrive parfois en effet de répondre aux sollicitations d’interview ou de reportages. Et comme l’éco-consommation est un domaine assez large, je me retrouve parfois embarqué sur des sujets assez insolites.
Sans fausse modestie, j’accepte en général par politesse, et surtout en fonction du feeling avec l’interlocuteur.
Parmi la dizaine d’interventions radio ou télédiffusées, celle que je regrette le plus est un 5 minutes sur France Info pour parler des lessives écologiques.
Je me rappelle parfaitement avoir tenté d’avoir un débat de fond avec mon intervieweuse mais celle-ci voulait des réponses catégoriques (genre « c’est cette lessive qui est la mieux ») quand je me permettais d’apporter de la nuance (bah oui il y a quand même plein de paramètres quand on fait une lessive : le modèle, le réglage, le recours à des balles de lavage etc…).
Mais souvent ça se passe bien. J’ai eu des journalistes attentifs (Gaël de Canal+, Frédérique de France 5) qui parviennent bien à articuler la contrainte du « spectacle » avec l’objectif pédagogique.
En Février, j’ai participé à une émission sur une WebTV (donc très confidentielle) qui s’appelle Les rendez-vous du futur. Je recommande car ce sont des formats longs d’interview avec des personnes fort respectables (l’astrophysicien André Barhic, le mathématicien Cédric Villani, le penseur Michel Bauwens etc.)
Pour ma venue, était invitée en deuxième partie une personne dont j’ignorais le nom mais dont la biographie interpelle. Cécile Renouard cumule en effet le travail universitaire de conseil stratégique en Responsabilité Sociétale des Entreprises… avec celui de religieuse !
Autant dire que par son mode de vie, hors voyages d’étude, elle a une empreinte écologique bien moindre que la mienne ! Entre prières au couvent et board dans les bureaux feutrés des ténors du CAC 40 on imagine qu’elle doit avoir une vie intellectuelle et spirituelle très intense.
Son passage dure une heure et aborde finalement assez peu cette double casquette, sauf à la fin. Mais c’est une bonne synthèse sur le développement durable, la RSE et la psychologie des grands groupes confrontés à la transition.
Quant à moi, mon passage de 30 minutes, dans Le First, aborde les sujets globaux de l’éco-consommation.
- Comment peut-on être sûr qu’un produit est éthique ?
- Peut-on faire confiance aux labels ?
- N’y a-t-il pas de plus en plus de greenwashing ?
- La bio et l’équitable c’est tendance?
- C’est plus cher de consommer éthique ?
Et je peux évoquer l’entreprenariat (avec le site via-sapiens sur le tourisme responsable) et l’association négaWatt.
Dessin en live réalisé par Coralie Huché durant l’émission. Merci à elle. Le plus drôle c’est qu’à la fin, mes interlocuteurs avaient préparé un focus sur l’association OpenFoodFacts… dont le fondateur est un ami (et sociétaire !). Donc là encore je connaissais bien le sujet des étiquettes et des « applis mobiles » pour s’y retrouver. Ca mériterait d’ailleurs une autre bonne heure de reportage…
En attendant, la vidéo est ici :