Baptiste RABOURDIN

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A propos

Survivalisme et sousvivalisme

Il n’a pas échappé aux plus anciens d’entre nous que le mot « écologie » sentant la naphtaline, le mot « survivalisme » est en passe de prendre la relève. Oh la question survivaliste n’est pas si récente car il y a toujours eu des gens avisés qui, sentant le chaos venir, ont pu théoriser et mettre en pratique un mode de vie autonome.

Il y aurait beaucoup à dire sur la philosophie sous-tendue par le milieu survivaliste, d’autant que comme tout mouvement, il est divers. Pendant longtemps, je n’en ai eu qu’une vision anglo-saxonne, déclinée en France par les stages de survie aux allures paramilitaires. En parallèle, je m’intéressais plutôt à l’Institut Momentum, dont la fugace fréquentation m’a soumis au malaise inhérent à disséquer les modalités de la venue du « collapse« .

 

Une sorte d’exaltation mystique, de jouissance eschatologique ou tout simplement le désir de « vivre » enfin une expérience comme celle d’un Ravage narrée par Barjavel ou d’une série zombies sur Netflix… On a hâte de découvrir le scénario qui permettra enfin de renouveler un peu la morosité de nos routines où même les  finissent par nous indifférer.

Je me souviens qu’enfant, alors passionné par l’ufologie, je m’interrogeais sur la possibilité de vivre le moment où l’humanité prendrait contact avec les extraterrestres. Je me disais que ce jour là serait probablement la date la plus importante de l’humanité et qu’elle pourrait légitimement occuper tous les journaux télévisés pendant des siècles…

Aujourd’hui, certain que ce « scoop » n’aura pas lieu de mon vivant, j’en éprouve une satisfaction : toujours ça que  BFMTV n’aura pas à couvrir et entacher…

Je suis arrivé à l’écologie par la décroissance qui, comme le survivalisme, prend ses sources dans le rapport du Club de Rome (planète limitée) et Georgescu-Roegen (entropie dans l’économie). Ca c’est pour le constat. Pour les solutions… ça diverge.

Même si le mouvement pour la décroissance est multiple (colibristes, anarchistes, cathos, modérés) il n’est selon moi jamais tombé dans le piège du « préparons-nous au pire, ré-apprenons à manipuler le couteau ».

Pourquoi je parle de couteau ?

Je viens de recevoir le communiqué de presse du second salon du survivalisme. Si l’on m’avait dit qu’il existe « salon de la décroissance au Paris Event Center de La Villette« , j’aurais rigolé comme un bossu.

Avec la musique hollywoodienne et les visuels de fusils d’assaut qui côtoient les beaux paysages symbolisant l’autonomie par carrés photovoltaïques, je suis totalement désemparé.

Parmi les exposants, certains me sont bien connus (filtration de l’eau aqua-techniques, hamacs amazonas, éoliennes maison tripalium, magazine de l’économie solidaire socialter) et des intervenants sympathiques (maraîcher, énergie, plantes sauvages…)

Et d’autres, comment dire ? Le stage lancer de couteau, le chasseur alpin, le chef du GIGN, le vendeur de matériel militaire…) là je me demande si je ne suis pas à Eurosatory. Certes le pôle pudiquement appelé « Tactique » n’est qu’une partie de cette foire mais j’ai comme l’impression que c’est le produit d’appel.

Si le »développement durable » a été le cache-sexe du business pour l’écologie, je crois que ce survivalisme est une manière de rentabiliser la décroissance qui… comme son nom l’indique, n’a pas grand chose à vendre sinon des livres…

Cela me fait penser à la blague que j’ai piqué à un ambassadeur négaWatt sur le fait que dans la démarche négaWatt il y a : sobriété, efficacité, renouvelables. Leplus important étant « sobriété » mais hélas on n’en parle peu car difficile de faire un grand « salon professionnel de la sobriété »…

Forcément je m’interroge aussi sur moi, sur mon malaise. Pourquoi cela me dérange au fond ? Je crois que cette intrusion du champ paramilitaire vient heurter la plus grande conviction que je porte à mon engagement social et écologique.

Je m’interroge parfois sur mon/notre rapport ambigu avec la violence physique et les armes. Je pratique, modestement, un art martial nommé ju-jitsu où il est tout de même rappelé sérieusement mais ironiquement que face à une menace d’agression, le premier réflexe à avoir est celui de fuir.

Bref, s’écouter, s’entraider, dialoguer. Si ca ne marche pas fuir. Mais pas prendre les armes. Pas succomber à la violence physique.

Il y a sans doute plein d’arguments techniques valables à propos de la nécessité de savoir « se battre » dans un monde devenu chaos. Mais un monde où la survie serait synonyme de défiance, cela devrait s’appeler la sous-vie.

Question en suspens…

L’affaire Pierre Rabhi expliquée en 3 minutes

  1. Un journaliste indépendant, qui a réalisé auparavant de bonnes investigations pour dénoncer l’agro-business, fait une enquête sur Pierre Rabhi, le célèbre paysan philosophe de l’Ardèche. Ce vieux sage représente une certaine mouvance de l’écologie, plutôt centrée sur la spiritualité avec un mot d’ordre « se changer soi pour changer le monde ».
  2. Il publie cela dans le Monde Diplomatique, journal indépendant (mais filiale du Monde) anti-libéral. Il y révèle des choses… enfin des choses déjà connues, à savoir :
    1. son héritage intellectuel lié à sa religiosité et à sa philosophie anti-moderne et anti-Lumières
    2. ses incohérences à dénoncer les « salopards qui ne pensent qu’au profit » tandis qu’il accepte volontiers les invitations du Medef et de grands patrons.
    3. ses proximités avec les milieux à tendance ésotérique voire sectaire.
    4. ses revenus confortables liés à ses droits d’auteur et ses conférences.
  3. Des gens s’offusquent : « ca alors, Pierre Rabhi a des incohérences, c’est un être complexe, et il gagne de l’argent ».
  4. Parmi les anticapitalistes, deux camps multi-séculaires s’affrontent : les tenants de la lutte des classes qui veulent des solutions collectives ; les tenants de l’individualisme colibriesque « chacun fait sa part ».
  5. Chez les capitalistes on rigole bien. Même si on apprécie ce type qui faisait de l’écologie inoffensive pour eux en appelant à la sobriété heureuse.
  6. Chez les « bien pensants de gauche comme de droite mais en tout cas anti-écolos » on se défoule et on crie à la supercherie.
  7. Ah ! On me signale un journaliste écologiste, très offensif et renseigné sur les questions environnementales, l’impeccable Fabrice Nicolino. Il remet son jeune confrère en place « En défense de mon ami Pierre Rabhi« .
  8. Ah ! Et aussi la journaliste enquêtrice de Monsanto, Marie-Monique Robin, qui vient défendre Rabhi et met les points sur les i à propos de la biodynamie.
  9. L’impayable site « Conspiracy Watch » épingle un des fils de Pierre Rabhi pour ses penchants complotistes. Et déplore que le père ne se désolidarise pas des propos de son fils. Comme un parfum vieilli de Pierre-Antoine Cousteau, le frère maudit et ouvertement antisémite du célèbre commandant bien aimé (même s’il massacrait à tout va les océans. Décidément ce monde est complexe..).
    En tout cas, la chasse aux sorcières est définitivement ouverte.
  10. Mais au fait… toutes ces choses là n’ont-elles pas déjà été dites, redites, et ressassées à l’envi ?
  11. Comment on change le monde ? Avec des grèves ? Ou en cultivant seul son potager ? Le chômeur ne devrait-il pas tenter lui aussi l’aventure ardéchoise plutôt que de vouloir ranimer les syndicats banlieusards ?
  12. On me souffle que toutes ces questions , quoique pertinentes, sont un peu usées.
  13. On me souffle qu’au salon Marjolaine, il y a des gens formidables… et des vendeurs de breloques charlatanesques… On me souffle que le retour à la terre, ce fut de droite en 1940, et de gauche en 1968.
  14. On m’explique que le problème c’est le système. Pas l’individu.
  15. On m’explique ensuite que le problème, en fait, c’est l’individu. « Sois le changement que tu veux voir dans le monde » disait un certain Gandhi.
  16. « S’il ne reste le choix qu’entre la violence et la lâcheté, je préfère la violence » disait aussi Gandhi. Bigre  ! Lui aussi aurait quelques incohérences ?
  17. Dans les Lumières, il y avait le rationnel esclavagiste Voltaire. Et il y avait le naturaliste Rousseau. Déjà ça s’engueulait sévère…
  18. On me signale qu’un peu de nuances ne ferait pas de mal et que sur les résaux sociaux, cela se trouve chez Quitterie.
  19. [Ajout du 2 Octobre] : Quelques chiffres factuels (droits d’auteur, revenus des conférences…) viennent faire éclater les insinuations du journaliste. « Beaucoup de bruit pour rien« . On est bien d’accord !
  20. [Ajout du 8 Octobre] : comment ai-je pu oublier de mentionner le droit de réponse ?

Fin des 3 minutes. Vous n’êtes pas obligé de lire la suite 😉

Mon avis perso ?

Si vous cherchez des gens parfaits dans ce monde, au prochain karma, changez d’espèce animale…

Jean-Baptiste Malet a fait un bon boulot dans ses précédentes enquêtes. Dans celle-ci, il y a du factuel et un travail salutaire (quoique pas vraiment nouveau). Son interview est toute en nuances mais il ressort que de là où il parle (athée, rationaliste, progressiste), il est impossible pour lui de ne pas s’étouffer avec certains messages de Pierre Rabhi. Et quoiqu’il en dise, son parti pris transpire dans de nombreux sous-entendus (Pierre Rabhi aime le pouvoir, l’argent, a des idées pétainistes…). Et ces sous-entendus sont grotesques. Il lui reproche un moment de ne pas avoir de publication scientifiques à son actif pour les questions d’agriculture. C’est hors-sujet.

Pierre Rabhi est un vieux monsieur admirable. Un demi-siècle les séparent. C’est beaucoup. Et pourtant Rabhi est un visionnaire. Et pourtant Rabhi a des côtés réacs.

Moi aussi je pense que Rabhi gagnerait à être plus offensif. Et alors …?

Je me considère parfois comme un archéologue amateur de la pensée écologique.

Toute cette polémique, vous vous en doutez, m’a agacé non pas parce que je suis partisan de Rabhi (il n’incarne pas ma pensée, j’ai toujours trouvé la fable du colibri amphigourique… mais je me sens franchement ridicule par rapport à l’oeuvre de ce monsieur). Non cette polémique m’agace parce que « sous le soleil rien de nouveau ». Oui l’écologie n’est pas née d’une lecture de lutte des classes. Des passerelles existent mais au fond selon moi, les enjeux du Vivant dépassent de loin les enjeux de l’Histoire. Dit autrement : la matérialisme historique est un modèle plutôt efficace… mais on peut aussi changer de modèle…

Tenez, en 1992, peu avant avant la mort de Felix Guattari, le même Monde Diplomatique publiait ce texte, certes sibyllin, du penseur des « Trois écologies » qu’il appelle ecosophie : une écologie environnementale, sociale ET mentale.

Il est vrai qu’il est difficile d’amener les individus à sortir d’eux-mêmes, à se dégager de leurs préoccupations immédiates et à réfléchir sur le présent et le futur du monde. Ils manquent, pour y parvenir, d’incitations collectives. Or la plupart des anciennes instances de communication, de réflexion et de concertation se sont dissoutes au profit d’un individualisme et d’une solitude souvent synonymes d’angoisse et de névrose. C’est en ce sens que je préconise – sous l’égide d’un type d’articulation inédit entre écologie environnementale, écologie sociale et écologie mentale – l’invention de nouveaux agencements collectifs d’énonciation, concernant le couple, la famille, l’école, le voisinage, etc.

Voir de plus en plus grand. Et faire petit à petit.

Colibris Tatou

Hélas le crédit coopératif…

Quoi de plus normal pour une coopérative que d’avoir son compte dans une banque coopérative ?

Pour ceux qui ne le savent pas, question éthique, il y a de sacrées différences parmi les banques. Le classement est fait par Les Amis de la Terre et en gros il y a les rouges (BNP, Sociégé Générale, Crédit Agricole), les orange (Banque Populaire, Banque postale, Crédit Mutuel) et les verts (Crédit Coopératif, La Nef).

A eco-SAPIENS, nous avons fait le choix d’être dans la banque la plus éthique qui soit et qui s’appelle La Nef. Transparent, innovant, engagé… on en parlé ici et .

Pour être précis, La Nef n’est pas (encore) autonome et dépend en partie du Crédit Coopératif (deuxième du classement) banque qui appartient au groupe BPCE (Banque Populaire x Caisse d’Epargne). On ne va pas rentrer dans les détails mais gardons à l’esprit que eco-SAPIENS est à La Nef et que notre interlocuteur est Crédit Coopératif. On a un chéquier Nef, un Rib Nef mais concrètemet, le service en ligne (espace client en ligne, facturation etc…) c’est le Crédit Coopératif.

Cet hermaphrodisme bancaire est un serpent de mer car parfois le Crédit Coopératif ne joue pas le jeu de son protégé. C’est une relation de « Je t’aime moi non plus » assez palpable quand on va à une AG de la Nef. Et ca frise parfois la trahison quand par exemple vous venez pour ouvrir un compte Nef et que votre interlocuteur vous oriente vers une offre Crédit Coop (c’est du vécu).

Mais La Nef a (avait) besoin du Crédit Coop techniquement parlant. Et le Crédit Coop a besoin de La Nef pour… pour je ne sais pas pourquoi en fait !

Ma petite embrouille avec Crédit Coop Marseille

Passé ce préambule un peu rébarbatif pour le non-initié, venons-en à une histoire pas très plaisante à expliquer. Nous sommes nombreux dans l’entrepreneuriat social à trouver que le Crédit Coop est en-dessous de tout. Que ce soit pour du perso (prêt immobilier, ouverture de compte…) ou du pro (prêt, pénalités abusives, ouverture de compte…) combien d’histoires ai-je entendu de la part d’amis et partenaires qui nous font tous conclure : « Quel dommage ! » Des gens convaincus, motivés, prêts à payer plus, quittent le Crédit Coopératif tellement le service est défaillant.

J’ai bien conscience qu’en disant du mal de mon « partenaire » bancaire, je prends un risque. Mais les lecteurs assidus de ce blog savent que ce genre de libération de la parole ne me fait pas peur. J’aime à citer ce vers de Rimbaud dans Une saison en enfer :  « Moi je suis intact et ca m’est égal… »

Comprenons-nous bien. Je souhaite de tout mon coeur que les acteurs au service de l’écologie, de la coopération, de la solidarité soient unis. Mais ce n’est pas une révélation que de dire que le monde de l’ESS connaît des guegueres et des rancunes. Par exemple la loi Hamon avait un peu crispé les tenants du « statut » (économie sociale) face à l’arrivée des « agréments »  (entrepreneuriat social).

Bref, rappelons une évidence. Je n’ai aucun plaisir à taper sur une aussi respectable institution. Le monde coopératif ne serait pas ce qu’il est sanc cette banque. Mais on a le droit de promouvoir le système social français tout en pointant les dysfonctionnements de l’URSSAF non ? Si !

L’exercice est pénible mais il va bien falloir que j’explique mon problème actuel avec le Crédit Coopératif. J’espère que cela incitera d’autres témoignages à l’instar de la dizaine reçue dans l’heure où j’ai posté sur Facebook mon désagrément.

Facilité de caisse… que c’est ?

Le point de départ c’est que notre SCOP est donc à LaNef/CréditCoopératif depuis 10 ans. On doit être dans la catégorie « client insipide » dans la mesure où nous n’avons jamais fait de prêt. Tout a démarré avec un capital collecté par nos magnifiques sociétaires réunis en SEP (du crowdfunding avant l’heure !). En 10 ans donc rien à signaler… Je n’ai jamais eu quelqu’un de La Nef. Et un coup de fil de courtoisie par an du Crédit Coop.

En 2012, nous avons sollicité le Crédit Coopératif pour une facilité de caisse à hauteur de 5 000 euros. Comme cela se pratique souvent, il nous a été naturellement demandé des justificatifs d’encaissements à venir. En l’occurence, il s’agissait d’un retard dans le paiement d’une subvention régionale liée à un programme d’emploi tremplin. Bref, du classique de gestion de trésorerie puisque 3 mois plus tard le compte redevenait positif. Pour longtemps.

Cette facilité est renouvelée automatiquement chaque année et se manifeste par un prélèvement appelé « Frais étude dossier ». Je ne vous cache pas qu’en réalité il n’y a pas d’étude réalisée. Mais cela arrange tout le monde. Le Crédit Coopératif prend quelques sous et nous, nous savons qu’en cas de tréso tendue, nous pouvons compter sur cette facilité.

En 2016, j’avais observé que malgré ce concours bancaire, quand le compte flirtait sous le zéro, les virements décaissés étaient surtaxées. J’avais passé le temps qu’il faut (6 mois, vingt emails) mais au final, tout est rentré dans l’ordre. Mis bout à bout, cela représentait environ 400 €. Ca devenait un peu ridicule car ce concours bancaire me coûtait :

  • un fixe de 100 € pour l' »étude de dossier » annuel.
  • des agios liés au plus fort découvert (normal)
  • des frais d’intervention (8,50 € par opération). Ceux qui m’ont été remboursés donc.

Bout à bout, cette facilité me revient bien plus cher qu’un emprunt mais nous n’avons pas d’emprunt à faire, juste une trésorerie soumise aux saisonnalités.

Février 2018, je vois passer le prélèvement « Etude Frais dossier ». Qui est passé à 150 € alors que trois mois plus tôt, le directeur d’agence m’avait écrit « Les frais de renouvellement en 2018 seront donc à nouveau de 102,50 € comme les années précédentes. » Mais bon, les frais bancaires ca peut augmenter.

Mars 2018, je reçois un coup de fil de mon « nouveau » chargé de compte. Ca change quasiment tous les ans, le chargé de compte. Et de toute façon je l’ai ai une fois par an au téléphone. Il me demande le dernier bilan. Simple formalité, je suis habitué. Je lui envoie, lui présente en quelques phrases notre activité tout ca tout ca. La pluie le beau temps.

Le lendemain, je reçois un accusé de réception (jamais bon signe…) et je découvre avec incompréhension le message suivant : « Le Crédit Coopératif n’a pas convenance à maintenir le concours court-terme. Vous avez 60 jours pour être en mode créditeur« .

Techniquement parlant, le Crédit Coopératif est en tort mais ne le sait pas… encore. Il pense être sur un concours à durée indéterminée auquel cas leur demande aurait pu être justifiée (mais en fait non, pas le temps de rentrer dans les détails). Aussi je leur réponds immédiatement qu’il s’agit d’une facilité annuelle (et je leur mets les verbatim des prédécesseurs montrant bien le caractère à durée déterminée).

Bon surtout, je leur signale que c’est carrément moyen niveau professionalisme. Le gars t’appelle, échange des banalités, raccroche, lit le document que tu lui as envoyé, puis, au lieu de te rappeler, décide d’envoyer un courrier avec recommandé.

On a fini par s’entretenir quelques jours plus tard et le chargé de compte s’explique : « Bah votre bilan il est pas terrible ! »

Oui je sais… il est pas terrible.

Mais bon on ne fait pas des instruments financiers sur le passé, plutôt sur les perspectives. Vous voudriez pas connaître mon plan futur ? Ou alors vous n’êtes pas banquier…

J’ai d’autres détails très croustillants sur les échanges depuis. Mais j’ai peur de perdre le lecteur. Au final, j’ai donc tenté de rassurer l’agence. Ils m’ont baladé en prétextant que ca allait passer en commission régionale, puis que non, enfin que oui si je signe une caution personnelle solidaire (sic). Et aussi qu’au Crédit Coop, les facilités de caisse se font toujours à l’oral (pratique !).

J’avoue avoir pété un câble quand la veille de la deadline, une employée m’a envoyé penaude un mail pour me dire de remplir une fiche sur mon patrimoine. Oui… on me demande de signer un truc avec mon patrimoine pour en échange, un engagement oral de la banque pour prolonger la facilité de caisse. Jusqu’à quand ? Tout à l’oral. J’ai fait confirmer plusieurs fois ce protocole à mon chargé de compte. Je n’en reviens toujours pas.

Donc voilà, les 60 jours sont révolus. Un prélèvement de loyer vient d’être rejeté. Sympa. Le compte est à – 500 euros et sera largement positif cet été. Pas de souci… Je l’ai expliqué et démontré. Je pourrais signer le papier ou avancer l’argent pour avoir la paix.

Sauf que je suis un peu têtu… et sûr de mon droit.

Me voici donc parti sur une saisie du service réclamation. J’ai prévenu l’agence qui acte cela et fait donc partir mon cas au service contentieux. Il semble que ce soit facturé 350 € (cf brochure).

Petit résumé : Chaque année depuis 7 ans, mon seul lien avec le Crédit Coopératif est un prélèvement pour concours bancaire et un coup de fil de courtoisie. Subitement, après avoir renouvelé ce concours en 2018, ils décident dans la foulée de l’annuler. Coup double. Tu prélèves 150 euros pour un service que tu annules 15 jours plus tard. Puis tu fais payer des frais indus et au final des frais de contentieux…

Cela pose la question du rôle non pas des banques… mais des hommes qui font la banque et qu’on appelle « banquiers ».

Au final, le plus déconcertant, c’est la sensation d’avoir en face des hommes qui exécutent des clauses algorithmiques. Un peu comme la fameuse règle des 3% qui fait paniquer tous les Etats… alors que rien ne justifie un tel seuil

Je reconnais volontiers qu’eco-SAPIENS n’est pas un client « intéressant » pour le Crédit Coop. Mais bon, on verse nos 600 € annuel sans mobiliser personne. Bref, on n’est pas intéressant mais on n’est pas encombrant.

Enfin maintenant… si.

En conclusion

Je n’ai rien à régler de particulier avec le Crédit Coopératif. Cette situation m’attriste comme elle en a attristé des dizaines d’autres que je connais. Et donc des centaines d’autres que je ne connais pas. J’ai vraiment envie que le monde coopératif puisse faire confiance à la banque qui porte ce joli nom de « coopératif ».

Si vous avez un témoignage, je suis preneur.

Je n’ai qu’un seul objectif. Que quelqu’un du Crédit Coop lise avec sincérité ce témoignage, appuie sur le même bouton que chaque année et que chacun puisse passer à autre chose. Par exemple en ce qui me concerne…. la promotion de l’éco-consommation, de la transition écologique pour l’énergie et la multiplication de tiers-lieux en coopérative.

MàJ du 18/06/2018 : Après avoir adressé emails, sollicitations en messagerie instantannée, appels et courriers, je suis toujours sans nouvelle.

Vegan, catastrophisme, Internet… blasé !

Je confesse passer trop de temps à lire à droite à gauche tout ce que la toile me fournit. C’est de la vraie procrastination. Sous couvert de coller à l’actualité ( « veille technologique »… vraiment ? ) j’absorbe chaque article ou interview qui me passe sous les yeux. Jusqu’à l’indigestion.

Les réseaux sociaux ne me proposent que des articles franchement déprimants. Tenez, pour exemple, ma revue de presse matinale façonnée par les algorithmes de facebook, mes flux rss et mes boites mails, m’ont appris que « le plancher océanique est tapissé de déchets plastiques« .

Le plus désespérant c’est aussi la réaction que cela suscite avec cette préconisation :

un réseau mondial de surveillance est nécessaire afin de partager les données sur la pollution plastique des grands fonds et « il faut s’appuyer sur les modèles de circulation océanique afin d’identifier la manière dont les déchets circulent ».

Je suis blasé car à chaque fois que l’on découvre l’ampleur des conséquences de notre humaine inconséquence, on se précipite pour mieux la comprendre. Là où il faudrait seulement agir.

La (relative) bonne nouvelle de cette revue matinale c’est le prix Goldman décerné à Claire Nouvian, fondatrice de Bloom, l’association qui alerte sur la surpêche en eau profonde. Reconnaissance environnementale pour son formidable combat mené contre les hypermarchés et la commission européenne.

Elle était l’invitée d’une émission radiophonique hier. Après avoir raconté avec émotion comment elle a survécu au Tsunami de 2004, à propos de son engagement, voici ce qu’elle déclare un moment :

Je suis désespérée, au sens il n’y a aucun espoir. On a pas le droit de le dire, surtout dans les médias. C’est pas la question de l’espoir, aujourd’hui c’est la question de l’action. Faisons tout ce qu’on peut, tout ce qui est à notre portée et on fera le bilan plus tard.

Cette phrase est dans la pure veine de la philosophie de Gunther Anders, que j’avais découvert il y a 10 ans grâce à la formidable maison d’édition « Encyclopédie des Nuisances« . Le sujet du catastrophisme éclairé, sur le fond, n’a pas beaucoup changé depuis Hiroshima. Seules la menace et l’imminence de la catastophe. A moins que nous ne soyons déjà dedans…

Sur la polémique Vegan

Depuis quelques mois l’actualité s’enflamme pour dénoncer l’activisime vegan. Ce terme jouit d’un éclairage médiatique, certainement grâce aux succès d’une part de l’association L214 et de l’engagement sincère de l’animateur et écrivain Aymeric Caron. Mais quiconque s’intéresse un peu au mouvement dit vegan sait que cette actuelle polémique date du siècle dernier. Et je me souviens de mes premières lectures anti-spécistes en 2003…

Je n’aime pas trop prendre ce ton blasé qui paraît forcément un peu condescendant. Car au contraire, je rafole du débat ! Mais pourvu qu’il puisse se réinventer.

Ce que je trouve positif et nouveau malgré tout, c’est le succès, grâce à la communication, de L214 et Bloom par exemple. L214, nous relayions déjà en 2011 (l’asso existe depuis 2008). Les caméras cachées dans les abattoirs ont fait mouche.

Pour Bloom, ce qui a fait mouche, c’est leur formidable B.D. pédagogique que nous avions relayée dès réception !

Pour les plus curieux, il existait un important mouvement « végétalien » dans la France de 1920 associée à un courant anarchiste (Rirette Maitrejean, Louis Rimbault…) qui avait plus ou moins tout dit à propos du débat vegan/anti-vegan (aujourd’hui allégorisé par Aymeric Caron/ Jocelyne Porhcer).

Ce n’est pas la première fois qu’au hasard d’une lecture, je réalise à quel point notre monde moderne a oublié que les dernières décennies avaient déjà très bien analysé les enjeux autour de l’Homme et de la Planète.

Internet et les applis webs

C’est aussi au hasard d’une lecture (fortuitement un autre anarchiste, l’anthroplogue David Graeber, dans Bureaucratie) que je suis tombé sur cette phrase page 162:

La plupart des gens qui travaillent dans des entreprises ou à l’univeristé ont été témoins d’une scène comme celle-ci. Un certain nombre d’ingénieurs sont assis dans une pièce, ils échangent des idées entre eux. Un nouveau concept, qui paraît prometteur émerge de leur discussion. Puis une personne qui pianote dans un coin, sur un ordinateur, après avoir effectué une rapide recherche sur Google, annonce que cette idée « neuve » est en fait ancienne; on a déjà essayé de la mettre en oeuvre.

Elle a soit échoué, soit réussi.

Si elle a échoué, aucun manager n’accepetera de dépenser de l’argent pour tenter de la ressuciter. Si elle a réussi c’est qu’elle a été brevetée, et on supppose qu’entrer sur ce marché est un objectif hors d’atteinte, puisque les premiers à y avoir pensé auront l’avantage du premier entré.

Le nombre d’idées à première vue séduisantes qui ont été étouffées dans l’oeuf de cette façon doit se compter par millions.

Et effectivement je pense avoir vécu ou provoqué ce genre de scène une dizaine de fois. Dédicace aux start-up de l’économie collaborative ! Mais bizarrement, comme pour le catastrophisme éclairé, cette course en avant technogique ne mène pas forcément à la paralysie, au contraire !

J’ai par exemple souvent ce genre d’échange sur toutes les applications censées nous aider à décrypter l’éco-consommation. Nous sommes nombreux à nous dire qu’une application web proposant une analyse en direct des articles à consommer (droits sociaux, impact environnemental, etc…) serait utile pour nous guider.

Peut-être. Mais, soyons fou, imaginons une appli qui reconnaît le poisson sur l’étal et vous dit en direct « attention, ce poisson fait l’objet d’une surpêche » ou « ce poisson encourage la pratique de la pêche électrique » ou « celui-ci favorise le raclage des fonds » etc etc… cela finirait par êttre absurde.

De la même manière que nous n’avons pas besoin d’un énième rapport pour identifier la manière dont les déchets circulent sur le plancher océanique, nous n’avons pas le temps de nous permettre d’affiner les algorithmes d’intelligence articielle et tutti quanti pour mieux évaluer le désatre en cours.

Je sais tout le côté paradoxal de ce propos, surtout pour un « guide d’achat éthique ». Effectivement, un moment donné, il faut bien savoir pour agir. Mais comme disait Sven Lindqvist dans « Exterminez toutes ces brutes » :

« Vous en savez déjà suffisamment. Moi aussi.

Ce ne sont pas les informations qui nous font défaut. Ce qui manque, c’est le courage de comprendre ce que nous savons et d’en tirer les conséquences ».

Départ d’Auroville – Utopie mirage miracle

Beaucoup de choses ont été dites, écrites, filmées sur Auroville. Alors il m’a semblé vain de rajouter une contribution personnelle, surtout venant d’une personne qui n’y est restée que 15 jours, avec une mission bien spécifique. Une sorte de prisme réducteur pour étudier ce drôle de joyau. Je n’ai vu de cet objet insolite qu’une facette parmi bien d’autres. Et, pour filer la métaphore de l’observateur, est-il tout simplement possible d’avoir une vue d’ensemble où simultanément, nous pourrions voir toutes les facettes en même temps ?

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L’éco-consommation en Inde / 2ème journée à Auroville

Cela fait une semaine que je suis à Auroville avec l’équipe de Earth&Us pour échanger sur la consommation responsable en France, en Inde et même dans le monde…

Cela prend du temps de comprendre un pays. Je crois même n’avoir pas encore compris un petit pays comme la France… Alors comprendre un pays d’un milliard d’habitants est voué à l’échec. Ce qui est intéressant, c’est de voir ce qu’il y a de commun. Et à y regarder de près, il y a bien plus de similtudes que ce que j’imaginais au préalable !

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Arrivée à Auroville – Earth&Us

Je suis arrivé samedi à Auroville.

C’est ma première fois en Inde et l’on m’avait averti : « tout ce qui est improbable finit par arriver en Inde« . Mais on a beau avoir été prévenu, les premières images donnent l’impression de vivre sur une deuxième Terre…

On m’a aussi mis en garde à propos d’Auroville.

« Ce n’est pas vraiment l’Inde. Déjà c’est l’Inde du Sud, moins pauvre, et en plus c’est un village-concept créé par des hippies européens. » Sous-entendu un vestige un peu neo-colonialiste, une sorte de parc d’attraction new-age où population intégrée, touristique et locale vivraient au même endroit mais avec des attentes différentes.

Je me souviens il y a une dizaine d’années, je découvrais à Aix-en-Provence la radio libre Radio Zinzine. J’y ai proposé quelques chroniques hebdomadaires, en direct… et parfois laborieuses (on ne s’improvise pas chroniqueur ). Cette radio émanait d’un eco-village relié à une plus vaste communauté appelée Longo maï.

J’avais entendu les accusations « classiques » contre ce village situé près de Forcalquier. Secte, planque d’activistes, enfants livrés à eux-mêmes. Je m’y étais rendu quelques fois, notamment pour une soirée anniversaire du hameau, avec notamment un émouvant concert en plein air, dans les montagnes, sous les étoiles, d’Allain Leprest accompagén au piano. Magique !

J’y avais surtout rencontré des tas des gens intéressants, divers et passionnés.

Je me souviens aussi que la banque La Nef, fut accusée un moment d’être une secte. Ca leur a fait mal. Pour avoir participé à 4 assemblées générales, même constat. Non seulement j’y ai croisé des participants divers et intéressants, mais surtout une organisation ouverte, pleinement démocratique et soucieuse du respect de chacun. Bref plutôt le contraire d’une secte…

Brainstrom avec l’équipe

Cela ne fait que deux jours que je suis à Auroville et donc il est délicat de formuler une opinion. Nénamoins je sens déjà que les jours prochains vont être riches.

Après avoir découvert l’équipe au complet de Earth&Us, avec Min et sept collaborateurs, je découvre là déjà une grande diversité. Une aurovilliennne, un du Nord, un du Centre. Toutes les religions, toutes les origines. Le seul point commun est qu’ils sont làparce qu’ils veulent faire du « sustainable developpment« . Allen plutôt data-analyst, Aromi sur les « partnership », Mohit plutôt graphiste, Tushita naturaliste (elle adore attraper les serpents pour les sauver quand des familles paniquées en trouvent dans leur maison) Et il y a Vijay, Krihsna dont je parlerai plus tard…

J’apprends donc au départ que pour un jeune Indien, Auroville est réputé pour ses formations en « écologie ».

Mais bien entendu, j’ai aussi envie de savoir si les motivations pour venir vivre à Auroville sont aussi d’ordre « spirituelle » ou « expérimentale ».

A l’issue de ces premiers jours, je suis déjà convaincu d’une chose. Auroville est un endroit agréable, d’une très grande tolérance, rempli de personnes bienveillantes pour la simple raison qu’elles sont venues chercher une de ces trois choses :

  • se former au développement durable
  • expérimenter la coopération et l’autonomie
  • suivre son développement personnel

***

On m’a fourni un vélo, une carte SIM et une lampe de poche (dont j’ai effectivement fini par comprendre la vitale utilité car même quand on m’a déposé à 5 mètres de ma chambre, je me suis perdu dans la jungle…)

Ma chambre, c’est un truc indescriptible, sur le toit d’une maison. Le bonheur d’être dehors, mêlé à la jungle est un peu terni par le froid en milieu de nuit et les stridulations d’insectes entrecoupés de sonores hululements.

Le vélo, c’est agréable comme tout. Parfois, le sable rouge colle aux dents, parfois les pavés font sauter la chaîne. On se perd forcément. Je pensais que la topographie, en cercles concentriques aurait certte vertu de toujours pouvoir se repérer. Mais non. On est quand même dans la jungle et les chemins finissent par se ressembler. Et c’est pire quand on a la carte…

Le plus compliqué c’est de savoir quoi faire et où aller. Je n’ai découvert qu’ajourd’hui le Visitors Center. Je me dis qu’un touriste qui ne voit que cela d’Auroville doit effectivement se poser des questions. Une expo sur les deux gourous fondateurs avec des boutiques et des restaurants tout attenant.

Fort heureusement, comme je suis bien encadré, voire chouchouté, on m’emmmène et on m’explique plein d’endroits. La solar kitchen est un bâtiment génial où l’on sert quantité de repas délicieux cuits grâce à un miroir solaire. En face, il y a justement une réalisation de Earth&Us, la « libray of things », un mélange de ressourcerie et de givebox. A savoir une bibliothèque où l’on peut tout emprunter : des vélos, des bassines, des sacs de rando, des jouets…

Earth&Us est aussi à l’orgine d’un système de coovoiturage minimaliste dans la région de Pondicherry.

Et je cogite avec eux pour réfléchir à ce que pourrait être un service mondial sur l’éco-consommation. Nous échangeons donc beaucoup sur nos pays respectifs, leurs attentes en terme d’environnement, de droits sociaux, de labels, de made in my country

Globalement, les réflexions sont très proches. Cela m’a même effrayé dans lamesure où je me suis ditr qu’effectivement, le monde est globalisé au détriment de la diversité culturelle.

Mais je trouve aussi cela rassurant car cela confirme que peu importe d’où nous venons, nous partageons les mêmes rêves et la même Terre. Et c’est un peu le message d’Auroville…

Matrimandir with fluffy clouds
« Un nouvel esprit d’unicité se répandra au sein de la race humaine… »

Sur ce ! c’est l’heure de l’apéro 😉

A propos des émeutes Nutella

Du 25 au 27 Janvier, certains magasins Intermarché de France ont proposé une promotion de -70% sur les pots de pâte à tartiner Nutella.

Cela a provoqué des émeutes et les journaux locaux ont même rapporté des interventions de gendarmerie pour calmer certains clients qui en étaient venus à se battre. Il y a plein de sujets fascinants dans ce fait divers. Et il y a aussi eu des commentaires très révélateurs.

Une vidéo signée BFM TV et une autre vidéo vue outre-Manche !

Il y a quoi dans le Nutella ?
1ère anecdote : Cette ruée avait lieu au même moment où le ministère souhaitait annoncer l’encadrement des promotions sur les denrées alimentaires, et très concrètement l’interdiction de promotions supérieurs à 34%.

Pourquoi ? Pour rééquilibrer le rapport de force entre les agriculteurs et la grande distribution.

Pourquoi 34% ? Aucune idée. Un nombre subliminal dans la mesure où 34% des Français sont en surpoids…

2ème anecdote : ces émeutes se déroulaient au même moment que le Forum économique de Davos (Suisse) où se réunissent les « huiles » de la planète. Or, comme le rappelle à juste titre Oxfam, c’est l’occasion de rappeler l’indécence des inégalités de ce monde.
82% des richesses créées en 2017 ont bénéficié aux 1% les plus riches.

Concernant les commentaires sur cet évènement, je dois avouer que mon tropisme écologique m’a fait bondir, comme nombre de mes amis, sur le fait qu’il y avait encore des gens qui cautionnaient ce truc bourré d’huile de palme et donc responsable de la déforestation et du déclin de nos amis ourangs-outangs. Si vous n’êtes pas au courant (ce dont je doute si vos êtes sur ce blog…) allez donc voir Green, film bouleversant.

Green film sur l'huile de palme
C’est ce genre de phénomène consumériste qui vous désespère d’avoir monté un site sur l’eco-consommmation pour convaincre et faciliter la transition vers une conso plus douce et plus sensée…

Et puis j’ai découvert le commentaire d’une figure politique majeure à savoir Jean-Luc Mélenchon. C’est un homme politique que je respecte, d’abord pour son talent oratoire, mais surtout pour son évolution sur la
question de l’écologie, l’articulation qu’il en fait avec la thématique sociale.

Il a écrit ceci :

Une superbe phrase d’une amie sur Facebook : «Quand l’émeute montre la misère, l’imbécile regarde le Nutella». Reprenez-vous mes amis ! Ces femmes et hommes avaient enfin les moyens d’offrir à leurs gosses une gourmandise qu’ils jugent désirable parce qu’ils en entendent parler sans y goûter jamais. Reprenez-vous ! Vous ne pouvez pas reprocher aux pauvres les idées dominantes ni les standards de consommation de la société de consommation. Ici, ils font dans le bruit et la cavalcade ce que vous faites paisiblement et en silence, parce que vous en avez les moyens. Et si vous ne le faites pas, comme moi, c’est parce que vous savez de quoi il s’agit. Mais pas eux. LES PAUVRES NE SONT PAS RESPONSABLES DE LEUR PAUVRETÉ QUEL QU’EN SOIT LE DOMAINE.

Expliquer est ici excuser. Or, si j’admets tout à fait ce genre d’explication « misérabiliste » je trouve paradoxal d’affirmer en lettres capitales que les pauvres ne sont pas responsables de leur pauvreté quel qu’en soit le domaine.

Déjà, c’est un interminable débat que de savoir si les gens sont ce qu’ils sont par la force de leur individualité… ou par la force du système. Mais cette formule finale un peu trop manichéenne, on a envie de lui adjoindre son symétrique. A savoir que les riches aussi ne seraient pas responsables de leur richesse… Et donc de les excuser…

Le jeu de la patate chaudeJ’aime bien rappeler que dans la société de consommation, c’est le jeu de la patate chaude entre le consommateur, le producteur et le législateur. Car dans cette histoire, on peut se payer la tête des con-sot-mateurs mais on oublie de pointer du doigt Ferrero qui continue à refourguer un produit dangereux pour la planète et pour la santé. Et que dire du législateur qui aura en 2016 finalement renoncé à la fameuse taxe Nutella.

Bref, je n’ai aucune envie de dédouaner ces clients frénétiques qui en viennent à se battre pour emporter le plus possible de pots. On peut expliquer cela sous l’angle « pouvoir d’achat » mais pourquoi ne pas taper sur la médiocrité des autres acteurs (Ferrero, Intermarché, les différentes ministres Ecologie et Consommation).

Cependant… est-ce vraiment la bonne explication ?

Nous voilà dans de Baudrillard !

J’en reviens à mes premières amours qui, je crois, ont décidé de ma vocation à créer eco-SAPIENS… Je veux parler du livre majeur du penseur Jean Baudrillard, La Société de Consommation. La thèse centrale peut se résumer ainsi : on consomme uniquement pour des raisons de signifiant social. Cela semble de prime abord exagéré car on peut toujours penser qu’une machine à laver est un achat qui relève plus de la praticité que du prestige en société…

Néanmoins j’ai toujours défendu cette thèse car elle dit clairement que notre consommation est une manière de faire société. Quand M. Mélenchon parle d’une friandise qu’ils jugent désirable parce qu’ils en entendent parler sans y goûter jamais, on est en plein dans le sujet de l’émulation sociale. Le Nutella c’est censé être la « vraie » pâte à tartiner que l’on remplace parfois par son équivalent « premier prix » ou à l’opposé par du Jean Hervé ou Chocolinette (quand on met un point d’honneur à ne pas s’abaisser à Nutella).

Emeute NutellaPersonnellement, je ne crois pas à l’argument « ces gens sont en général trop pauvres pour s’acheter du Nutella ». Ils considèrent simplement cela moins « indispensable » qu’un autre thème consommatoire (des chaussures, un écran plat, un voyage…).

Et la clé de compréhension est plutôt dans le désir de ne pas se faire gruger par les autres. On peut tout à fait imaginer la colère venir face à un sentiment injuste quand on constate que d’autres raflent tous les pots et nous privent d’une bonne affaire pour laquelle on se sent légitime. Pourquoi eux et pas moi ? Et donc l’escalade de la violence, prendre le plus de pots moi-même parce que j’y a droit et que si je ne le fais pas, d’autres vont le faire pour moi.

Bref, c’est un phénomène social assez classique qu’il faudrait attribuer moins à la misère du porte-monnaie qu’à une envie d’égalité et d’équité.

Voilà une conclusion assez paradoxale qui j’espère aura le mérite de rassurer le principal intéressé !

 

Pour David

Mon cher David,

Je suis heureux de pouvoir te dédier ce billet sachant que tu ne le liras certainement jamais. Pour la simple raison que tu es parti pour un voyage sans retour.

Juste avant que tu nous quittes, tu as toi-même dit que cela faisait bizarre de se sentir triste simplement en constatant la tristesse des gens qui sentent ton départ. Exactement comme ces enterrements où l’on culpabilise de ne pas être chagriné par le défunt cependant que l’on se soulage à l’idée de pouvoir verser des larmes sincères et d’empathie.

Bon ! Tu n’es pas mort; au contraire ! Mais d’un point de vue social c’est tout comme. Passer la toge et méditer dans au monastère zen pour le restant de sa vie, c’est sombrer lentement dans l’oubli. Et, hélas, peu de gens comprennent ce choix.

Or moi je le comprends sans peine. Que ce monde est fatigant à la fin !

On a passé toute une journée, magnifique, ensemble, quelques jours avant ton départ. Ce qui est plutôt amusant puisque l’on se connaît peu. Dans ce couvent réhabilité en restaurant, perdu dans le Royans et ses montagnes dorées par l’équinoxe d’automne, j’ai voulu faire un bon mot : quel dommage de ne pas avoir deux vies !

Une vie régulière et une vie séculaire. Une pour se régler au monde spirituel.

Et une autre, dans le « siècle », pour vivre dans le matériel, le quotidien, le train-train avec ses retro-planning qui n’en finissent jamais…

Bon deux vies ca fait beaucoup. Même mon meilleur ami m’avait dit qu’une vie c’était presque trop… (et ça c’est un vrai bon mot !)

Dit comme cela, on pourrait penser que le monacat n’est qu’une fuite, une désertion, une capitulation face au capitalisme. Pourtant, nous avons longuement parlé de ta pratique méditative. J’aime bien te présenter comme mon pote champion du monde en méditation. Surtout parce que moi je suis nul, je désespère de comprendre comment cela fonctionne, malgré tous les livres zen que j’ai lus sur le sujet !

Tu m’as expliqué que c’est comme la cuisine. C’est mieux manger un bon plat plutôt que de lire la recette. Je regrette de ne pas avoir pris le temps de faire une séance avec toi, dans le Vercors, comme un saut à l’élastique..

Ayant eu quelques révélations mystiques lors d’un séjour au Mont Athos, où je croisai un vieux moine orthodoxe français au milieu de réfugiés anarchistes… j’ai depuis développé une sorte de goût romantique pour le cénobitisme…

Les dernières tribus s’exterminant peu à peu, les monastères sont peut-être les derniers lieux où l’on peut voir un autre monde dans ce monde. Un pied de nez involontaire au There Is No Alternative.

Peut-être que je fais fausse route avec mon obsession à voir de la poésie ou du politique dans une pratique qui n’est en fin de compte peut-être qu’un endoctrinement. Quand tu m’as énoncé quelques règles de l’étiquette zen que tu allais respecter (pas de parapluie, pas à moins de 5 mètre de sa toge…) tu m’as assuré que oui c’était inepte. Et c’est pour cela que j’ose croire que cette étonnante vocation est un acte mûrement et longuement réfléchi.

Un monastère, c’est un paratonnerre contre la foudre du temps qui passe. Je te disais que ce monde est fatigant. Pas plus tard qu’hier (mais on pourrait actualiser ce billet chaque semaine…) on apprenait pêle-mêle l’ampleur de la fraude fiscale, le report des objectifs de lutte contre le changement climatique, du glyphosate et que sais-je encore…

Le monde n’est pas fatigant, il est épuisant. Une barque qui fuit de tous les côtés et des milliards de marins qui ne veulent pas écoper car ils voient bien qu’on est au sec dans la cabine VIP…

Mon cher David, tu es donc parti. Peut-être que tu reviendras. Des moines défroqués il y en a plein. Peut-être que le monastère est un canot de sauvetage qui lui aussi peut prendre l’eau.

Que l’on vive dans son siècle on que l’on vive reclus, peut-être qu’on est dans le même bateau, dans la même galère.

J’aime bien me dire qu’un des moines français les plus célèbres porte le nom d’une marque de pastis.

Chacun ses remèdes contre ce monde fatigant.

Un autre monde est possible. Et il est ici…

Le poète Paul Eluard aurait écrit quelque part « Il y a un autre monde… mais il est dans ce monde« . A moins que ce ne soit William Butler Yeats.

Quoiqu’il en soit j’ai toujours aimé cette formulation qui résout le dilemme de l’utopiste. Terme-quolibet qui est de mise quand on se trouve face à un résigné … qui lui-même se qualifiera de réaliste !

Techno-Sapiens ou Eco-Sapiens

Parmi une foultitude de remarques audacieuses dans Homo Deus de Yuval Noah Harari il y a celle-ci à propos des prédictions qui ne se réalisent pas. Non pas car elles sont délirantes mais au contraire très probables et plutôt effrayantes. Et permet conséquemment de s’en écarter*.

Là encore, on voit bien que la frontière entre l’idéaliste et le réaliste n’est qu’une convention. Cela marche également pour le passé. Tant de vestiges archéologiques tout bonnement inconcevables et qu’il nous faut pourtant bien constater. Là sous nos yeux incrédules des blocs monumentaux, des tracés vertigineux, des objets anachroniques…)

Et voilà que je reviens des universités négaWatt. A la différence du club de Rome qui publia son fameux rapport en 1976, l’association négaWatt propose un chemin vers le futur. Un futur désirable (bien plus que celui d’Harari…) soucieux de concilier impératif écologique (CO2, fossiles, fissiles…) et confort humain. Une sobriété est inévitable (se déplacer un peu moins, manger moins de viande, sus au gaspillage…). Et le reste est une question d’optimisation technique et sociétale.

J’y ai découvert concrètement ce qu’était un économe de flux. A savoir un bonhomme chargé au sein d’une collectivité (mais ca pourrait marcher pour une entreprise, un hopital…) de réduire la conso et de faire baisser la facture. Des baisses de 8 à 15% sont immédiatement trouvables. A Montpellier, c’est 2 millions d’euros économisés chaque année… Juste en surveillant les gaspillages d’eau, d’électricité, de carburant etc.

Ca laisse rêveur… Mais c’est la réalité.

Direction la Drôme.
Dans le village voisin de Dieulefit (ça ne s’invente pas !) on va fêter le premier anniversaire du LowCal, un ouvrage conçu par Enertech qui est un peu la référence en bâtiment performant. Le résultat est au-delà des attentes.

Sans chauffage, sans climatisation, construit en paille et ossature bois, il bat tous les records. 35 postes de travail pour 620 m2 utile et une conso électrique de 5,9 kWh/m2 sur l’année. Pourtant l’hiver fut rude et la moitié de cette consommation dérisoire est due à un appoint de chauffage électrique… qui est pourtant la bête noire de tout physicien !

La toiture photovoltaïque de 153 m2 a produit 9 fois plus que cette consommation. Et le tout à un prix abordable avec une faible énergie grise (matériaux naturels et locaux). Bref, un truc complètement délirant… qu’il suffit de visiter à quelques heures de Lyon…

Autant dire que lorsque l’on revient des universités negaWatt on a un peu les yeux qui brillent. On retrouve les contrariétés du quotidien assez vite.

Par exemple toujours cette lecture en cours de Homo Deus qui fait mal tant il force à poser les bonnes questions sur ce que veut l’homme. L’immortalité ? Le bonheur sans conditions ? L’omnipotence ?

Les trois.

Et hélas, il y a fort à parier que cet avenir teinté de robots, de cyborgs et d’artefacts rendra toute cette beauté sus-mentionnée dérisoire.

Et il y a aussi cette contrariété tellement banale. Ouvrir la porte de son bureau le lundi matin au retour. Surprendre son collègue avec un mini-chauffage bruyant, olfactif et énergivore. Lui faire remarquer qu’en cette journée d’octobre, il fait près de 21°. Qu’on a pas connu cela, pas même en 1921, qui fut une longue sécheresse d’ailleurs à l’origine de la grande famine soviétique. Le changement climatique. Lentement mais sûrement.

Comme la grenouille dans l’eau qui subrepticement chauffe, chauffe, chauffe.
Et se faire nonchalamment rembarrer… « Je fais ce que je veux ! »

C’est un mauvais rêve ? Non c’est la réalité.

* « Les historiens n’étudient pas l’histoire pour la répéter mais pour s’en libérer. »

Il s’agit d’un passage assez amusant à propos des pelouses ! En résumé, ce culte de la pelouse domestique que l’on retrouve en Occident (mais désormais aussi dans les pays désertiques du Golfe…) remonte aux signes de prestige des rois et ducs de France. Une fois que l’on connaît l’histoire des pelouses, on est aussitôt pris d’envie de basarder sa tondeuse et de tout laisser pousser !